Que de conflits et de guerres sur notre planète. Un peu partout, des foyers d’infection. Un certain nombre de ces conflits nous tiennent en haleine depuis quelques mois: l’Irak où les attentats sont quotidiens, la Côte d’Ivoire qui recommence ses bagarres, Israël et la Palestine où la violence ne finit plus de faire des ravages. En Amérique du Sud, le combat contre les trafiquants de drogue est très violent. Haïti n’arrive pas à se sortir de la misère. A travers le monde, des milliers et des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants sont victimes de la torture, du chantage, des systèmes politiques ou économiques injustes. Certains sont retenus en otages. D’autres connaissent la guerre psychologique ou les agressions sexuelles. Sans compter les conflits de famille, les chicanes interpersonnelles.
La planète est malade, dangereusement malade. Et nous sommes portés à perdre confiance dans les êtres humains. Les êtres humains sont-ils vraiment capables de vivre ensemble? Les hommes et les femmes ont-ils les moyens de demeurer dans la paix les uns avec les autres? Ont-ils les talents nécessaires pour faire durer la concorde, la bonne entente? Peuvent-ils s’aimer les uns les autres? Il nous est permis d’en douter. Nous sommes faibles, terriblement faibles. La vie en société est une réalité qui semble nous dépasser.
Et pourtant, la Bible – cette sagesse qui traverse les siècles – parle de confiance en l’être humain. C’est même Dieu qui exprime cette confiance. Dans le livre d’Isaïe (22, 19-23), Dieu choisit Eliakim, le fils de Hilkias. Il le place à la tête du royaume de Juda. Il en fait le chef de la maison de David. Le prophète met dans la bouche de Dieu une image que comprennent bien les adeptes du camping: «Je le rendrai stable comme un piquet qu’on enfonce dans un sol ferme». Dieu fait confiance. Dieu croit que l’être humain est capable de gérer son monde. Dieu croit que l’être humain a assez de talent pour bien mener sa maison, son pays, la terre. Pour Dieu, l’être humain peut faire quelque chose de durable, quelque chose de solide comme un piquet enfoncé dans un sol ferme.
Un jour, Jésus choisit Pierre (Matthieu 16, 13-20). Au nom de Dieu, il dit à son ami: «Pierre, tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise». Même l’Eglise, Dieu la confie aux êtres humains. Il a assez confiance en eux pour en faire les pierres d’assise de son Eglise, les fondements, le solage de son Eglise. Et Jésus ajoute: «La puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle». Elle sera tellement solide, cette Eglise, que la mort n’aura pas le dessus sur elle. Bien plus, Jésus dit à Pierre, à cet homme aussi ordinaire que nous, le pêcheur et le pécheur: «Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux». Ça, c’est de la confiance. Par la bouche de Jésus, Dieu dit à Pierre: «Tout ce que tu vas faire, je le signe. Je te donne un chèque en blanc.»
Malgré l’ampleur des conflits que nous vivons sur la planète, Dieu nous invite à la confiance. Même si la nuit est noire et nous semble interminable, les matins existent encore, les matins ensoleillés de la paix, de la justice, de la fraternité humaine. Maurice Bellet vient de publier un livre dont le titre pourrait devenir notre devise en ces jours incertains: «Guetter l’aurore»!