Dans ce petit livre de la collection « Bref », André Couture présente une synthèse vulgarisée de ses recherches sur la réincarnation. Son point de vue est celui d’un spécialiste en histoire des religions et en anthropologie. Par son effort d’impartialité, son niveau de discours se distingue donc de celui des défenseurs ou des détracteurs de la réincarnation. En effet, les adeptes de la réincarnation ont souvent dressé un portrait noirci du christianisme et des dogmes chrétiens. D’autre part, de nombreux chrétiens ne cessent de dénigrer une croyance qui les dérange mais qui fait sens pour tant de nos contemporains. André Couture trouve légitime que les croyants cherchent à justifier leurs croyances et à se situer par rapport à celles des autres. Toutefois, il lui paraît néfaste de « caricaturer la croyance de l’autre pour valoriser la sienne propre » (p. 115). Plus encore, il existe plusieurs interprétations possibles des croyances en la réincarnation ou la résurrection. Inutile de durcir ces croyances ou de les présenter comme des blocs monolithiques.
André Couture démontre que la réincarnation est un objet de débat plutôt qu’une vérité simple et évidente. Il existe plusieurs interprétations différentes de la croyance aux vies multiples. Le discours moderne sur la réincarnation s’est construit en partie contre la conception indienne ou bouddhiste des renaissances, qui admet la régression et la transmigration dans les animaux par exemple. Il serait faux de considérer la réincarnation comme une croyance universelle transmise telle quelle depuis la nuit des temps. C’est au XIXe siècle, sous l’influence du spiritisme, de l’ésotérisme et de la théosophie, que s’est développée une conception de la réincarnation comme progrès et évolution des âmes. Cette conception est vraiment de facture moderne. Elle est nettement tributaire des courants de pensée et de culture du XIXe et du XXe siècle.
André Couture fait aussi le point sur les prétentions scientifiques associées au discours sur la réincarnation. Il résume avec clarté quelques recherches importantes sur le sujet, en particulier celles portant sur les cas d’enfants affirmant se souvenir de vies antérieures. Bien qu’il existe des indices qui s’y prêtent, il est impossible de démontrer scientifiquement l’existence aussi bien que l’inexistence de la réincarnation. Mais n’en est-il pas de même pour la résurrection des morts? Ne s’agit-il pas avant tout de propositions d’un sens à la mort et à la vie? Ce court ouvrage intéressera toute personne intéressée à dépasser les idées reçues au sujet de la réincarnation.
waouuu, cool