Moïse se leva de bon matin, et il gravit la montagne du Sinaï. (Exode 34, 4) Et là-haut, au sommet de la montagne, Dieu a révélé son secret à Moïse. Il a dévoilé son nom. Il s’est dit lui-même. Plusieurs siècles plus tard, un autre matin, cette fois-ci au sommet de l’histoire, Dieu a tant aimé le monde (Jean 3, 16) qu’il a donné son amour jusqu’au bout, en donnant son Fils jusqu’à la mort et au delà même de la mort. Par la grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père s’est exprimé totalement et il ne dit plus rien d’autre que son Fils, son Verbe, dans la communion de l’Esprit Saint. (Cf. 2 Corinthiens 13, 13)
Depuis lors, nous ne cessons de célébrer ce Dieu dont l’unité est riche de toute ses diversités. Dieu vit déjà pleinement de toutes les relations qui l’habitent. Il a voulu cependant que nous-mêmes nous entrions en relation avec lui. La liturgie ne cesse d’exprimer cette grâce, cet amour et cette communion de Dieu.
Voyons, par exemple, ce qu’en proclame la prière eucharistique. Nous utilisons plus souvent la prière eucharistique II. C’est avec elle que je vous propose de méditer le mystère de Dieu.
La prière dit d’abord que Dieu est Père, et même qu’il est Père très saint, vraiment saint. Une sainteté qui appelle à la sainteté: toi qui es la source de toute sainteté. Ce Dieu trois fois saint crée toutes choses. Et nous pouvons le reconnaître dans son oeuvre: le ciel et la terre sont remplis de [sa] gloire.
Dieu qui est vraiment saint ne demeure pas enfermé dans son silence. Au contraire, il parle. Son Fils est sa Parole vivante depuis toujours. Dès le point de départ de la création du monde, c’est par lui que Dieu crée toutes choses. Cette Parole vivante vient habiter parmi nous. Conçu de l’Esprit Saint, elle se fait chair de la Vierge Marie. Imaginez: Dieu devenu un homme, un homme dans la trinité de Dieu! Et même un homme qui assume tout de l’homme, y compris sa faiblesse. Dieu le tout-puissant devient le tout-faible en étendant les mains à l’heure de sa passion, afin que soit brisée la mort et que la résurrection soit manifestée.
Au sommet de la prière eucharistique, nous chantons: Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection. Et nous ajoutons: Nous attendons ta venue dans la gloire, car l’aventure de Dieu dans le monde n’est pas terminée. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur: qui vient dans nos célébrations, qui vient jusqu’à la fin de l’histoire de l’humanité. Qui est-il celui qui vient? Est-il le Fils, le Christ, celui qui a promis de venir dans sa gloire? Est-il l’Esprit qui vient selon une autre promesse du Christ?
Toujours est-il que l’Esprit Saint continue l’aventure de Dieu dans le monde. C’est lui qui nous entraîne à vivre et à proclamer notre propre mort dans la mort du Seigneur, à célébrer notre propre résurrection dans la résurrection du Seigneur. C’est lui, l’Esprit Saint, qui sanctifie nos offrandes pour qu’elles deviennent le corps et le sang du Christ. C’est lui l’Esprit Saint qui nous rassemble en un seul corps quand nous avons part au corps et au sang du Christ. C’est lui l’Esprit Saint qui nous conduit vers la rencontre du Seigneur. Nous formerons alors avec lui une seule humanité parfaite et nous habiterons dans la famille de Dieu.
Voilà l’histoire de Dieu, tissée à même nos histoires d’hommes et de femmes. Une histoire de grâce, d’amour et de communion. Une histoire qui nous invite à construire nos propres histoires dans la grâce, l’amour et la communion, d’autant plus que nous avons été choisis pour servir en [sa] présence.
Le Amen de notre prière eucharistique est la profession de notre foi en Dieu, Père, Fils et Esprit. Et il exprime l’Amen de toute notre vie de grâce, d’amour et de communion.