C’était le jour de la Pentecôte, il y a quelques années. Celui qui devait lire le récit aux Actes des apôtres me demande s’il pouvait biffer le bout où on nomme les pays et les régions. Il craignait de ne pas prononcer les mots comme il le faut. D’autant plus, me dit-il, que ces pays ne nous disent rien. C’est étranger à notre culture. Toute cette géographie, c’est du ‘chinois’ pour nous!
J’ai répondu: Tant mieux! Tant mieux si cela nous est étranger. Tant mieux si tu bafouilles en nommant ces pays. Tant mieux si, en t’écoutant, les autres vont penser à des extra-terrestres. Plus cela nous paraîtra étranger, plus nous découvrirons que l’Esprit Saint peut être grand et universel. On peut entendre son discours en Phrygie et en Pamphilie comme on peut l’entendre à Québec, à Moncton, au Honduras ou en Suisse. Oui, l’Esprit Saint est citoyen de tous les pays du monde.
Et partout, dans toutes les langues du monde, l’Esprit dit le même message. Il parle de Dieu comme on parle d’un père. Et, par conséquent, il parle de fraternité entre les humains, de concorde entre les peuples. Il parle de Jésus comme une bonne nouvelle pour les pauvres et pour les morts. Et, par conséquent, il parle de vie, de justice, de bonté. Il parle de la grandeur de chaque personne. Il parle d’amour.
Sur tous les continents, dans chaque pays, l’Esprit entreprend des projets qui favorisent la communion entre les humains et des humains avec Dieu. Partout, il épouse les causes qui rendent la terre plus habitable, qui donne au royaume un espace pour éclore et à l’Évangile les moyens de s’étendre à la grandeur de l’Univers.
Dans chacune de nos vies, l’Esprit Saint se manifeste. Mon histoire de vie est histoire sainte. Non seulement elle est mon histoire, mais aussi elle est l’histoire de Dieu puisque l’Esprit y intervient. L’Esprit rend témoignage de Jésus auprès de moi. Il laisse en moi l’écho de son Évangile. Il est le souffle qui anime l’Évangile dans ma vie.
Pas surprenant que nous soyons appelés à des audaces pour bâtir l’avenir. Pas surprenant qu’il nous arrive de verser dans la créativité et que nous laissions se débrider l’imagination pour bâtir des ponts et créer des lieux de réconciliation. L’Esprit épouse nos itinéraires. Il inspire nos démarches. Mais nous épousons nous-mêmes son goût de l’aventure, ses rêves, s’il nous est permis de parler ainsi.
Esprit de Dieu, Esprit universel qui dépasse les frontières et renouvelle toute chose. L’étranger nous devient un frère. Avec l’Esprit, nous poursuivons l’oeuvre de Dieu dans l’immense chantier de sa création.