Heureux les invités aux noces de l’Agneau!
Cette belle histoire de noces et de mariage et de vin qui coule à flot pourrait bien nous dire plus que ce qu’elle suggère à prime abord. Les faits se déroulent dans un cadre de vie tout à fait ordinaire. Les noces ça intéresse tout le monde. Dans un petit village, chacun s’y invite facilement. Et alors le vin, un incontournable de la fête, est vite épuisé. Il est bien normal que la mère de Jésus veuille associer son fils à une éventuelle solution du problème. « Faites tout ce qu’il vous dira », dit-elle aux serveurs du banquet. Et nous savons la suite. Ce qu’il a fallu faire pour qu’advienne sur la table un vin de qualité supérieure, dont la quantité donne de quoi continuer la fête encore et toujours.
L’évènement nous révèle que le Seigneur ne boude pas nos festivités humaines. Loin de là! Il nous est agréable de voir Jésus et sa mère s’impliquer comme cela alors que la fête allait être grandement compromise. Pareil geste du Seigneur nous le rend plus proche encore.
Mais il y a fort à parier que le 4e évangile veuille nous dire davantage et nous introduire par ce récit au cœur même du mystère du Christ. Il faut lire entre les lignes. Nous sommes ici dans le cadre d’un mariage. Notons le rôle singulier de Marie. Les 6 jarres destinées à la purification des juifs et l’abondance du vin nouveau qu’elles contiennent : tous ces détails sont significatifs.
Le contexte de l’alliance en mariage d’un homme et d’une femme n’est déjà pas anodin. La 1ère lecture nous a, en effet, mis sur la piste. Rappelons-nous les mots très forts du Dieu de l’alliance à l’endroit de son peuple : « Tu seras une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu. » « Toi, tu seras appelée MA PRÉFÉRENCE, cette terre se nommera L’ÉPOUSÉE. Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra L’ÉPOUSÉE. » « Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu ». L’intimité et l’amour passionné entre l’homme et la femme servent depuis longtemps à décrire le rapprochement que Dieu souhaite vivre avec son peuple, avec l’Église, avec nous. Et justement, au tout début de l’évangile de Jean, ce projet est relancé avec force dans le récit des noces de Cana, où Jésus se révèle l’époux désigné pour un mariage à venir, quand son heure sera venue. Et Marie elle-même nous donne son fils, le Fils de Dieu. Elle le met à l’avant-scène pour que déjà il s’engage et fournisse, comme il se doit, le vin requis pour les noces.
Et quel est-il ce vin? Saint Paul en la 2e lecture nous aide à le découvrir. C’est le vin de l’Esprit. Au lieu de l’eau des ablutions purificatrices, Jésus produit le vin de l’Esprit. Il le fait couler à flot sur son Église, sur toute l’humanité. « Les dons de la grâce sont variés, écrit Paul, mais c’est toujours le même Esprit… Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. » Rappelez-vous la variété des dons de l’Esprit énumérés par l’Apôtre. On dirait un écho donné à l’abondance du vin de Cana.
Voilà l’œuvre du Christ. Dans le récit du 4e évangile nous retrouverons Marie et Jésus, au dernier instant de la Passion, pour ce moment d’adoption, le testament final du crucifié. Nous n’avons pas au début tout ce qu’il faut pour pleinement saisir la portée de cette Alliance nouvelle. Mais déjà le signe de Cana est initiateur, l’indice précieux du grand Mystère qui va un jour s’accomplir. Nous pouvons déjà le contempler dans le parcours du bien-aimé Jésus.
En cette Eucharistie puisons avec délice, enivrons-nous du vin capiteux de l’Esprit, de l’amour inépuisable de notre Seigneur, l’Époux merveilleux, Jésus notre Sauveur.