Le suivre en sa Passion!
Jésus venait d’annoncer une 3e fois sa passion prochaine. « Les disciples étaient en route pour monter à Jérusalem ; Jésus marchait devant eux ; ils étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. Prenant de nouveau les Douze auprès de lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes, qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. »
C’est tout de suite après ces paroles que nous retrouvons les mots d’aujourd’hui, où deux disciples, sans doute les plus jeunes, en sont déjà au temps de la gloire annoncée, celle de Pâques, celle de la résurrection. Faut-il les blâmer? Faut-il nous scandaliser qu’ils veuillent gommer les événements douloureux annoncés par lesquels Jésus leur dit qu’il va passer?
C’est bien normal de rêver. Notre espérance, pour tenir dans les difficultés et les épreuves, a besoin de s’alimenter aux promesses d’un avenir meilleur. Aussi Jésus ne prend pas vraiment à rebours les deux disciples. « Il y a ceux pour qui ces places sont préparées », dit-il. Laissant entendre que quelqu’un veille en haut-lieu sur l’avenir, sur l’accès à la terre promise. Mais pour le moment, il faut revenir à l’heure présente et aux événements et engagements qui ne sauraient attendre.
Et c’est ainsi qu’il faut nous confronter à la Mission, au témoignage qu’il nous est demandé de porter, ce service dont le monde a besoin pour prendre le chemin de l’amour, de la paix, du don de soi et du pardon, la route vers une véritable humanisation de notre être.
Oui, il faut certes transcender le présent douloureux dans l’espérance de la fin heureuse promise, mais pour le moment il faut se faire une raison, trouver un sens à ce qui se passe, bien vivre ce temps de l’annonce et de l’avènement de l’Évangile, qui déjà nous brûle le cœur.
Les apôtres n’arrivent pas à intégrer ce processus, dans lequel leur maître s’engage lui-même et souhaite les voir s’engager à sa suite. Eux, ils voudraient tout de suite figurer en tête de liste et accéder au monde nouveau sans préambule. Et nous avons intimement le même désir, le même souhait d’être épargnés, que tout puisse se passer pour nous sans épreuve, sans douleur, sans don de soi. Or la Parole nous redit : Ne brûle pas les étapes. La gloire, ce n’est pas pour tout de suite. Ce n’est même pas ton affaire. Il y a le temps d’épreuve. C’est cela qu’il te faut vivre dans la sérénité, la confiance, l’amour. Ne cherche pas pour autant la souffrance pour la souffrance. Il ne s’agit pas de cultiver le masochisme.
Ce dont il s’agit, c’est d’aimer, c’est le service humble et patient de l’amour fraternel, de la justice pour tous, de la compassion pour une humanité blessée, souffrante, en recherche d’âme, de sens, de liberté, de paix. Ce chantier, il est urgent que nous nous y consacrions de toutes nos forces, à la suite du Christ, à la manière du Sauveur, dans la puissance de l’Esprit qu’il nous donne.
Seigneur, je cherche à me prouver que je suis prêt pour le ciel et je rêve de cette gloire promise. Mais tu m’apprends qu’il ne faut pas me fixer seulement sur cet avenir. L’important, c’est aussi de suivre le chemin de peine et d’offrande, de service et d’amour de ton Fils, dans l’humilité, la confiance. C’est toi, Père, qui prendra soin de nous au terme de notre service. Aide-nous à bien accomplir nos tâches. C’est cela que nous voulons que tu fasses pour nous : nous rendre bons serviteurs comme Jésus l’a été, pour faire ce qui te plait, le faire avec ton Fils, comme lui. Puissions-nous ainsi être trouvés toujours à ses côtés.