Longtemps j’ai cherché le bonheur.
Moins pour le bonheur lui-même que pour la bonne humeur qu’il répand autour de lui. Nous avons le choix de distribuer autour de nous des boules noires (anxiété, inquiétude, frustration, colère, envie …) ou des boules blanches (joie, sérénité, calme, affection …). La contagion des émotions est une réalité reconnue aujourd’hui dans les relations humaines. C’est une responsabilité donc que de contribuer dans la mesure du possible à un climat positif au sein des communautés auxquelles nous appartenons.
Parfois cependant, le quotidien peut être lourd à porter. Je compose cette chronique avec un mal de dos tenace que je me suis fait au travail en voulant aider quelqu’un à porter une caisse (trop lourde) de manuels scolaires. J’en ai pour trois jours à m’en remettre. Hier une collègue m’a fait une remarque déplacée sur mes occupations libres sur le lieu de travail. Sourires crispés. Tout à l’heure, en faisant les courses, un camionneur a reculé sur moi sans regarder derrière lui (mais je suis encore là pour vous le raconter) ! Avant-hier, une classe agitée met peu de sérieux à écouter, certains élèves sourient sans gêne de ma surdité que j’ai sans doute eu le tort de leur confier. J’aime rire et rebondir sur les blagues et les bons mots mais ce handicap me coupe des autres : je vis dans un aquarium à travers lequel je vois les autres se parler.
Bref, cher lecteur qui me lis, tu dois trouver cette chronique bien grise. Mais je ne voudrais pourtant pas que ma lassitude t’atteigne et ternisse ta journée qui, peut-être, mérite bien plus de compassion que la mienne.
Croire dans l’Espérance que le Christ nous apporte, ne résout pas tous les problèmes. Le joug que nous portons dans nos quotidiens ne s’allège pas le jour du baptême. La foi que nous ont transmis les Apôtres est faite parfois de la trame colorée ou grise des travaux et des jours. Nous avons précisément dans notre famille la responsabilité d’être quelqu’un de lumineux même quand le cœur n’y est pas. Mais le Christ, qui en a vu d’autres est là pour nous accompagner sur le chemin de vie.
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » Mathieu 11, 28-30
N’hésitons pas dans nos fatigues à invoquer le merveilleux cadeau, l’Esprit que nous envoie le Père, si bien chanté dans le Veni Sancte Spiritus :
Viens en nous, père des pauvres,
viens, dispensateur des dons,
viens, lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes
adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos,
dans la fièvre, la fraîcheur,
dans les pleurs, le réconfort.