Dans la vie conjugale, il faut savoir y mettre de la flamme et de la flemme pour parvenir à vivre en harmonie et goûter des jours heureux avec sa moitié. Étonnant, vous direz-vous ! De la flamme, assurément, il en faut ! Mais, de la flemme, n’est-ce pas ce qu’il faudrait éliminer ? N’est-elle pas responsable de bien des disputes quand l’un des deux ne fait pas sa part ? Comme en toutes choses, il faut savoir user des deux avec discernement…
Imaginons que la vie à deux soit une recette de gâteau. Cette recette, ne sera pas tous les jours appliquée de la même manière car les jours ne seront jamais pareils, même dans la routine. Il faudra donc adapter la recette, la même, aux événements. En général, il faudra être prodigue avec la flamme, mais, attention à ce qu’elle n’embrase pas le gâteau lors de sa cuisson : il en ressortirait cramé. Par ailleurs, il faudra user avec parcimonie de la flemme, mais cet ingrédient donne un petit parfum subtile à la pâte, et on sera avisé de ne pas hésiter à l’ajouter.
Mais qu’est-ce que ce charabia, cette métaphore qui n’éclaire en rien la vie conjugale, pensez-vous, un peu énervé?
La flamme, c’est la passion. Elle est souvent très présente en début de vie amoureuse. C’est celle qui nous permet d’écouter des heures durant l’être aimé, et de ne pas se lasser de l’entendre. Je me rappelle, lorsqu’au sortir d’une séance de cinéma à notre deuxième rendez-vous officiel, nous avons marché, mon mari et moi, toute la nuit à se raconter notre vie ! Huit heures de marche ! La flamme soutenait nos pas !
Il faut entretenir cette flamme, celle qui nous fait toujours désirer entendre l’autre nous communiquer ses pensées, son vécu, ses désirs et ses projets. Pour cela il faut s’intéresser à son être. Ce désir est si grand, que lorsque nous ne sommes pas ensemble, nous avons envie de partager ce que nous voyons et que l’autre ne peut voir : le coucher de soleil rose, la lune orangée, la fleur qui pousse en montagne, l’oiseau qui chante à ma fenêtre. Bien sûr, les réseaux sociaux atténuent cette impression. Souvent, on peut prendre en photo ou filmer ce que l’on voit, mais, l’essentiel n’est pas le partage lui-même, mais d’avoir ce désir de partage !
Par contre, il faut se méfier de la flamme. La flamme ne doit pas être une obsession, car, chaque jour ne peut être un grand feu de la Saint-Jean ! Il est même plutôt judicieux de tendre à aller vers un petit feu quotidien et de l’entretenir… A trop rechercher la flamme, nous risquons de tout embraser et de ne plus trouver que l’autre nous apporte assez de passion au quotidien.
Maintenant, que dire de la flemme. J’ai bien mentionné qu’il en faut un soupçon, sinon vous gâcheriez la recette ! Si je dis qu’il faut de la flemme, c’est parce que la vie trépidante d’aujourd’hui nous essouffle et qu’en ne prenant pas garde, nous risquons d’être toujours à cent à l’heure, et de n’avoir jamais de temps pour l’autre. Je sais que de nombreux couples réservent des rendez-vous destinés à leur conjoint sur leur agenda, sinon, ils n’en auront jamais le temps. Si c’est votre cas, je dirais que c’est déjà bien de penser à bloquer du temps avec sa moitié. Mais, n’y a-t-il pas place à moins de densité extérieure dans la vie ? Je me souviens qu’au début de notre vie familiale, alors que nous tentions de conserver notre vie « d’antan », les samedis et dimanches devenaient des marathons avec moultes invitations plus intéressantes les unes que les autres. Mais suite à cela, nous étions épuisés et n’avions plus de temps pour nous. C’est à ce moment que nous avons décidé qu’un jour du week-end serait réservé à notre famille. Il faut savoir user de la flemme, la saine, la juste, celle qui nous permet d’arrêter et de nous poser un peu !
Est-il nécessaire d’épiloguer sur l’abus de flemme dans cette recette ? Si l’un des deux s’appuie trop sur la flemme, tout reposera sur l’autre… Il faut savoir se poser, se reposer mais sans que tout s’impose à notre tendre et chère moitié !
J’ai employé ces paronymes afin de parler de l’équilibre de la vie d’un couple. J’aurais pu avoir recours aux Évangiles et citer « Marthe et Marie », car c’est aussi le même esprit ! Qui ne connaît l’agitation de Marthe et la contemplation de Marie ? Les interprétations donnent souvent les félicitations à Marie et condamne l’attitude de Marthe. J’oserais dire que pour ma part, je vois cela de manière un peu nuancée. Si cet Évangile avait été rapporté par une femme de cette époque, elle aurait peut-être nuancé aussi les propos entendus. J’ai envie de dire que le travail ne se fera pas tout seul. Et j’ai toujours trouvé qu’une autre explication pouvait résider dans l’attitude de Marthe : elle a sacrifié sa part pour que tout roule pour tous… Et Marie, elle n’a pas pensé à la charge de Marthe… Il nous faut être Marthe et Marie dans un couple, les deux ayant la flamme et la flemme et se répartissant l’équilibre entre ce qui est à faire (les tâches incontournables) et ce qui est prioritaire dans nos vies : le temps de vivre ensemble.