Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 15, 1-8
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi,
mais qui ne porte pas de fruit,
mon Père l’enlève ;
tout sarment qui porte du fruit,
il le purifie en le taillant,
pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés
grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment
ne peut pas porter de fruit par lui-même
s’il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.
Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
et en qui je demeure,
celui-là porte beaucoup de fruit,
car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi,
il est, comme le sarment, jeté dehors,
et il se dessèche.
Les sarments secs, on les ramasse,
on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voulez,
et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père,
c’est que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous soyez pour moi des disciples. »
COMMENTAIRE
Sainte Vigne du Père!
Voilà la belle image de la Vigne pour dire le mystère du Christ et le nôtre! Mystère de vie, d’amour et de communion!
La plupart d’entre nous, nous ne sommes pas familiers avec les vignobles, la viticulture et la vigne. Pour ma part, il n’y a pas si longtemps, j’ai été surpris de voir des plants de vigne, à l’automne ou en hiver, dénudés, nettoyés jusqu’au tronc, sans feuilles ni fleurs ni fruits, ramenés à leur plus simple expression. Cela évoquait pour moi la désolation, la pauvreté et l’humiliation, autant dire le Christ en sa passion, sa mort et sa mise au tombeau. Alors qu’au printemps, il se produit une véritable résurrection. C’est alors une explosion de vie, un bourgeonnement soudain, avec bientôt les feuilles et les fleurs et des fruits à profusion.
C’est à tout le cycle de vie de la vigne, aux diverses saisons de l’année, que Jésus a sans doute voulu nous référer pour évoquer son parcours et le nôtre avec lui. Saison des préparations, de l’élagage et de l’épreuve, et, en ce qui concerne Jésus, l’heure de son dépouillement extrême, de sa lourde passion. Saison de Pâques enfin et de l’influx d’une vie nouvelle en tout son être jusqu’à nous rejoindre et nous donner de vivre de lui. Mystère de sa vie offerte, de sa vie reçue à nouveau du Père pour qu’elle nous soit donnée.
Il faut voir la vigne au printemps et puis en été, et jusqu’au temps des récoltes : quand c’est la vie pleine, féconde, quand tout l’ensemble prend du volume, de l’espace, de la couleur, de la densité pour la joie et la fierté du vigneron. Tout cela pour dire l’effet de notre vie croyante, la réponse de notre appel à vivre plus, à célébrer dans l’amour en nos existences la gloire et la puissance de notre Dieu dans le Christ.
Il y a, bien sûr, pour chacun, chacune le temps de l’épreuve, qui est élagage et purification : Mon père, nous avoue Jésus, est le vigneron. Il travaille sa vigne pour la pousser au maximum de ce qu’elle peut produire… Sa Parole demande à nous purifier. L’enjeu, c’est que nous soyons rattachés à la Vigne, que nous soyons partie prenante du Christ.
Il nous suffit d’avoir foi en son Nom et de nous aimer les uns les autres, comme il nous l’a demandé. Tout cela s’accomplit en nous avec l’aide de l’Esprit, comme le suggère la lettre de Jean dans la 2e lecture : « Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit ».
Le livre des Actes en témoignait pareillement en 1ère lecture : « L’Église se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur; réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait. »
C’est le sort heureux qui est le nôtre, si nous gardons foi dans le Nom du Christ, si nous nous aimons les uns les autres. Ce sera l’œuvre de l’Esprit en nous que de nous donner de produire les fruits attendus de paix et de pardon, d’amour et de réconciliation, de partage et de justice, de liberté et de communion. Soyons donc ensemble cette Église rêvée de Dieu, la Sainte Vigne du Père! Puisse l’Esprit de Pentecôte répandre en nous l’énergie divine qu’il nous faut pour faire corps avec le Ressuscité et annoncer au monde le Nom du Fils à la gloire du Père!