Seigneur, me voici devant toi sans réflexion,
sans sentiment, comme un animal stupide:
et cependant je ne me rebute pas
puisque tu ne me rebutes pas toi-même.
Je veux persévérer dans l’oraison et,
du moins je me tiendrai devant toi.
Je te glorifierai par mes souffrances
puisque je ne le peux pas par une ferveur sensible.
Et je hais de tout mon coeur
les péchés et les négligences qui m’éloignent de toi;
mais j’en reçois volontiers la peine.
Quand même je ne serais point coupable,
je voudrais toujours t’être soumis.
Tu as beau me montrer un visage sévère,
quand même tu me frapperais du dernier coup,
mon dernier soupir serait un mouvement de confiance.
Quand je serais cette vigne
que tu as abandonnée,
que tu as défendu aux nuées d’arroser
et que tu as changée en une solitude inculte,
j’espère que dans ton plus grand éloignement
tu te tournes vers moi,
que du haut du ciel tu jettes un regard favorable
sur cette vigne que ta droite a plantée.
Ambroise de Lombez (1708-1778)