Ordonné prêtre à Carthage en 1954, André fut nommé immédiatement en Haute-Volta, le Burkina Faso actuel. Et en janvier 1967, il vient œuvrer au Rwanda jusqu’à sa mort survenu tragiquement le 7 avril 1994.
Présidant une Eucharistie à la mémoire d’André, en présence de sa famille et de ses confrères Pères Blancs, à Saint-Gérarde de Lambersart, le 8 mai 1994, Hans-Michael Hürter, qui se trouvait aux côtés d’André lorsqu’il fut abattu de deux balles, lui rendit un fraternel hommage…
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« André était un missionnaire-prêtre à cent pour cent ; il savait ce qu’il voulait, pour lui-même et pour les autres. Il préparait avec soin ses homélies en kinyarwanda, comme les liturgies et les instructions aux divers mouvements chrétiens de la paroisse, avec une prédilection spéciale pour la Ligue du Sacré-Cœur et la Légion de Marie. Il y a, au Rwanda, un proverbe qui décrit bien l’attitude missionnaire d’André Caloone : « Akami ka muntu ni umutima we » (Le petit roi de l’homme, c’est son cœur). André avait le cœur large pour accueillir, pour recevoir. Il avait le don de patience pour écouter, être attentif aux autres, pour sentir leur cœur, atteindre le plus profond d’eux-mêmes. Son cœur était ouvert aux détresses, aux problèmes des gens de sa paroisse, comme il partageait aussi leurs joies, notamment le jour de Pâques, au moment des baptêmes.
Le matin du 7 avril, au début des troubles dans le pays, il disait aux ouvriers et aux gens qu’il rencontrait : « Nous allons prier pour votre pays, et pour la paix dans les cœurs ! » et, au cours de la matinée, alors que les fusils se faisaient entendre, il passa un bon moment à la chapelle, pour confier au Seigneur le Rwanda et les Rwandais. C’est devant cette chapelle qu’il repose désormais.
André était un missionnaire passionné, travaillant beaucoup pour son âge, allant dans les succursales à pied : c’était sa manière d’être solidaire avec le peuple qu’il aimait profondément ; ainsi, disait-il, il se rendait compte des distances que les gens devaient parcourir pour venir aux instructions et aux offices. Et, surtout, il aimait s’arrêter, dire bonjour ici et là et découvrir cette paroisse où il n’était que depuis quelques mois. On le voyait au marché, chez les personnes âgées et les malades ; partout, on lui faisait bon accueil, on aimait ses visites.
Les pères de la paroisse de Ruhuha avaient coutume de célébrer l’Eucharistie entre eux, chaque lundi soir ; André préparait cette messe avec soin, et dans le partage de prière, on sentait combien il était proche des gens. Il suivait attentivement les préparatifs du synode des évêques africains à Rome, encourageait aussi les activités de ses confrères plus jeunes en faveur de Justice et Paix. Il était revenu très content de la marche pour la Paix avec les cinq mille chrétiens de notre région et portait en son cœur l’espoir d’un avenir de paix pour le Rwanda, c’est pour cela qu’il voulait rester sur le terrain, pour vivre jusqu’au bout les espoirs, les peines et les joies des Rwandais ».
ET LE SUPÉRIEUR GENERAL DES PERES BLANCS, DANS UNE LETTRE A LA FAMILLE D’ANDRÉ, LUI RENDAIT HOMMAGE AUSSI…
« Par amour et fidélité, André est resté au milieu de son peuple dans la tourmente, et il a payé cette fidélité de sa vie. C’est le témoignage le plus fort qu’il pouvait nous donner à l’authenticité de son engagement missionnaire. En cela son sacrifice est pour nous un geste de grande valeur. En ce temps de Pâques, nous redécouvrons, dans la foi, à la suite du Christ, comment une vie offerte par amour peut devenir source de vie nouvelle, comme un grain de blé semé en terre et qui germe. André a célébré sa Pâque avec le Christ jusqu’au bout et nous sommes sûrs, de tout la force de notre foi, qu’il partage avec lui maintenant la joie du Ressuscité ».