Aux couleurs de Marie, au cœur de sa brise, je me repose.
Comme une envolée d’oiseaux aux ailes grandes ouvertes, un tourbillon de feuilles multicolores dansent sous le soleil, légères, elles battent l’air, multiplient leurs ébats, miroitantes sous les larges caresses du vent pour enfin étaler leurs teintes sur les gazons verdoyants.
Le grand tapis coloré dans les lueurs du soleil contraste étrangement avec l’écorce grise, allongée, des érables squelettiques; l’oeil charmé devant la course folle des feuilles déboulant les talus gazonnés; le tortillement des branches d’arbres et le rebondissement des feuilles balaient la terre dans un tourbillon de teintes. L’étreinte du zéphyr berce les eaux du fleuve aux ondes grisonnantes et bleutées, elles chahutent sous les nuages pressés qui étirent leur veste cotonneuse dans la limpidité de la voie céleste.
Du fond du décor, de gros paquebots traversent le paysage, s’éloignent doucement vers d’autres rives, et je suis là, Vierge Marie, debout devant l’immensité de tes jardins, accordant à mon âme blessée le repos de tes couleurs.
La Reine-Mère ouvre l’étendue de ses espaces aux petits de son Royaume; tu règnes, Marie, silencieuse, discrète, apaisant mon âme de ton ineffable douceur. Je te reçois, ô Vierge, trônant au milieu du petit lac d’où l’humble blancheur couronnée émerge du tableau automnal : de la cendre colorée de la terre jusqu’à ton Coeur d’or immaculé, reçois les abîmes de mon âme, ô Vierge des douleurs, remplis-les de tes couleurs transparentes, à la source guérissante de ta pureté.
Purifiée sous le souffle de l’Esprit, je t’appartiens ô ma Mère, ô tendresse infinie, ô souffle bien-aimé de mon âme, parfait chef d’oeuvre de l’Amour.
Aux couleurs de Marie, au cœur de sa brise, je me repose.