En 1961, s’éteint à quatre-vingt-six ans sœur Marie, fondatrice de la communauté de l’Ermitage de Campello.
Née à Turin en 1875, Valeria Paola Pignetti fut, malgré sa santé précaire, une femme douée d’une grande force intérieure et de douceur; toute jeune, elle manifesta un penchant pour la solitude contemplative et l’ouverture à autrui.
En 1901, elle entra dans la congrégation des Franciscaines missionnaires de Marie, où pendant dix-huit ans elle accomplit par obéissance les services toujours plus exigeants qui lui étaient confiés. Après la Première Guerre mondiale, durant laquelle elle avait assisté les blessés, elle quitta, avec l’autorisation de ses supérieures, son institut, en quête d’un lieu où elle pourrait vivre «plus au large».
Au bout de trois ans, elle donna vie, près de Campello sur le Clitumno, en Ombrie, à l’une des expériences les plus rayonnantes de vie évangélique du xxe siècle, d’abord dans le refuge Saint-François, et en 1926 dans l’Ermitage franciscain, au-dessus des sources du Clitumno. Quand elle eut restauré ce vieil ermitage, sœur Marie y vécut jusqu’à sa mort, avec quelques compagnes, suivant un programme basé uniquement sur la prière, le travail et l’accueil des hôtes, toute tendue vers une communion toujours plus grande avec toutes les créatures.
Sœur Marie eut des rapports épistolaires avec Gandhi, Albert Schweitzer, Friedrich Heiler, Primo Mazzolari, Evelyn Underhill, Giovanni Vannucci et bien d’autres encore. En raison de l’amitié qu’elle avait pour Ernesto Buonaiuti, et parce que plusieurs sœurs qui n’appartenaient pas à l’Église catholique étaient rapidement venues grossir les rangs de sa communauté, elle fut longtemps harcelée par les autorités ecclésiastiques et dut renoncer pendant presque trente ans à la célébration de la messe dans l’Ermitage de Campello.
Quand vint l’heure où l’interdit allait prendre fin, Marie, selon ses propres paroles, était désormais au-delà, toute proche de la communion cosmique qu’elle avait si longtemps désirée, et qu’elle put rejoindre en 1961, au terme d’une vie abreuvée de souffrance, mais marquée d’une grande paix intérieure.