Une aubaine formidable!
Pour nous parler du Royaume des cieux, Jésus aujourd’hui fait appel à des expériences un peu particulières. Il complète ainsi son enseignement sur une réalité mystérieuse que nous pouvons approcher, il nous le montre bien, sous divers aspects. La question importante étant toujours de savoir comment allons-nous accueillir sa parole, ce mystère, le Royaume qu’il annonce et qu’il réalise lui-même en sa personne?
Jésus nous a parlé d’abord, il y a deux dimanches, du semeur sorti pour semer. Nous avons compris que c’était lui le semeur et lui aussi la semence, que notre accueil de Jésus pouvait être très différent selon que nous étions du genre bord du chemin, sol pierreux, terre en friche encombrée de buissons épais ou bien bonne terre tout simplement et fort heureusement.
Jésus nous disait du même coup la générosité du geste du semeur, la vitalité de la semence, cette capacité propre qu’elle a de produire du fruit, là où elle est bien reçue. Le Seigneur se répand donc chez nous comme une semence de vie au risque de se perdre, d’être gaspillée, si par hasard il ne trouve pas de condition favorable, faute d’un bon discernement, d’un accueil sincère de notre part.
La réflexion évangélique nous interpelle maintenant au moyen d’exemples que nous n’avons probablement pas vécus mais que nous pouvons bien imaginer. Prenons le cas de celui qui fait la découverte surprenante, au hasard de son quotidien, d’un trésor caché dans un champ. Qu’il soit tombé sur ce trésor, c’est la chance de sa vie! Vite il doit réagir. Il y a urgence. La seule façon pour cet homme de s’emparer du trésor, c’est d’acquérir le champ. Quitte à y engager tout ce dont il dispose, qui est si peu de chose comparé au trésor dont il a fait la découverte. Le sacrifice de ses biens, il le fait de bon cœur, joyeusement et sans hésitation. Le grand rêve de sa vie va pouvoir se réaliser : posséder un trésor inépuisable qui l’assure pour longtemps des ressources dont il a besoin.
Et si ce trésor, c’était le Christ, le Seigneur lui-même, présence cachée au cœur du monde? Quel bonheur de le trouver et d’en vivre! Que ne ferions-nous pas pour l’acquérir? C’est comme tomber en amour. Ça nous bouleverse. Ça remet toute notre vie en question. Pensons que le Seigneur lui-même se propose pour être le grand amour de notre vie!
Pour lui somme-nous prêt à sacrifier des choses qui soudainement nous apparaissent futiles, de bien moindre importance, ou qui nous éloignent de lui? Les mettrons-nous joyeusement en balance pour saisir le trésor ou la perle précieuse du Règne de Dieu qui nous est offert gracieusement, gratuitement? Sommes-nous prêts à faire de la place dans nos cœurs, nos pensées, nos actions à ce bien profondément convoité et à vrai dire irremplaçable qu’est Dieu lui-même, présent, caché en son Fils Jésus, en nos frères et sœurs, les plus humbles, les plus pauvres?
Jésus nous dit que c’est comme ça le Royaume des cieux. C’est du bonheur! C’est la chance de notre vie! Et que c’est l’affaire d’un discernement, d’une sagesse! Comme Salomon autrefois, demandons à Dieu qu’il nous la donne cette grâce du discernement, pour que nous ne passions pas à côté du vrai trésor, de la perle la plus fine.
Jésus fait appel au désir, à l’éveil d’une passion en nous, qui prépare le moment où tout va basculer. Il y a un passage à vivre. Il nous fera perdre peut-être ce à quoi nous tenions beaucoup, mais qui n’est rien comparé à ce que nous allons posséder et vivre, et qui va remplir notre cœur. En échange de nos pauvres abandons Dieu nous donne tout, il se donne lui-même.