Quand mon père va couper le caïlcédrat pour en faire une pirogue, il apporte ses haches dans son sac, et va s’asseoir auprès de l’arbre en question. Il dit :
Ce travail, c’est Dieu lui-même qui l’a remis à son ancêtre,
et son ancêtre à son tour l’a transmis à son père,
puis aujourd’hui c’est arrivé sur sa tête à lui, son fils.
Le caïlcédrat qu’il va couper là, qu’il aille sur l’eau,
que ceux qui sont montés dedans prennent du poisson,
que ceux qui sont montés dedans prennent du gibier,
que le lion n’attrape personne dans cette pirogue,
que le monstre marin n’attrape personne dans cette pirogue,
que cette pirogue ne se perde pas sous l’eau.
Et s’il ne parle pas selon l’ordre de Dieu à son ancêtre,
que le malheur tombe sur lui-même
et non pas sur quelqu’un d’autre.
Ainsi, quand mon père prononce cette bénédiction, il invoque le nom de Dieu avant de tailler la pirogue.
Voici la hache,
je la mets sur la racine de l’arbre.
Que personne ne soit blessé,
que la hache ne coupe personne,
que les bestioles ne piquent personne,
que les bêtes n’attrapent personne,
que personne n’ait à souffrir.
Je n’ai pas usurpé ce pouvoir,
ni ne l’ait inventé de toutes pièces :
c’est mon père lui-même qui m’a remis la hache,
disant que s’il venait à mourir,
que je pose la hache à la racine de l’arbre
et le coupe pour mes frères.
I. Fedry et P. D. Raingue, Prières traditionnelles du pays Sara, 1er livret, Collège Charles Lwanga, C.E. L., 1977, p. 7.