Souffle d’amour, d’unité, de lumière!
Les évènements et les paroles rapportés dans cette liturgie datent d’environ 2000 ans. C’était, dans les Actes des Apôtres, un bruit soudain, un vent violent, et surtout des langues de feu qui se partageaient sur chacun des disciples, et cette mystérieuse facilité qu’ils avaient à parler toutes sortes de langues, celles des gens qui fréquentaient alors Jérusalem. Imaginons un peu la situation et demandons-nous quel message formidable cet événement nous donne.
S. Paul, dans sa 1e lettre aux Corinthiens, aborde aujourd’hui un sujet délicat. Il y a dans la communauté de Corinthe toutes sortes de monde, toutes sortes de talents, des dons différents, dirions-nous. On en venait à se jalouser, à se mesurer les uns aux autres. Paul leur fait comprendre que ces dons leur viennent d’un même Esprit, et qu’ils ne doivent pas mener à la division. Il exhorte donc cette communauté à témoigner par sa bonne entente de l’Esprit d’unité et de communion qui l’anime. Les différences entre les dons sont là pour servir le bien de tous et de chacun.
Enfin le passage d’Évangile, nous ramène au soir de Pâques. Les disciples ont peur. Ils sont enfermés. Jésus ressuscité survient au milieu d’eux. Avec ses blessures de crucifié, sur ses mains, dans son côté. Il n’y a pas à s’y tromper. Nous comprenons la joie des amis de Jésus. Or le Seigneur aussitôt les mobilise. « Comme le Père m’a envoyé, leur dit-il, moi aussi je vous envoie ». Il souffle sur eux. « Recevez l’Esprit-Saint », ajoute-t-il. Ils doivent sortir. Aller vers les autres. Ils ont une mission précise, celle du pardon, de la réconciliation. « À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis. »
Un monde qui témoigne et qui se parle. Un monde qui partage et vit la communion fraternelle. Un monde qui se porte miséricorde et pardon. Voilà ce qui surgit de cette première Pentecôte, pour autant que nous en comprenions le sens et puissions en voir les premiers effets.
Que pensez de tout cela aujourd’hui, pour aujourd’hui? Le monde a bien changé, pensons-nous. Avons-nous encore vraiment besoin de l’Esprit Saint? La Pentecôte, est-ce que ce n’est pas une belle fête pour hier, un souvenir de situations d’autrefois, où il fallait l’Esprit saint pour partir l’Église, pour qu’on se mette d’accord, pour qu’on ait les lumières et le courage nécessaires pour initier le mouvement chrétien, pour en vivre?
Mais aujourd’hui, pensons-nous, ce n’est plus pareil. Nous avons déjà tout ce qu’il nous faut. Nous sommes proches les uns des autres! Avec nos moyens techniques et nos avancées culturelles, il n’y a plus de problème! Tout le monde s’aiment et se réconfortent mutuellement. Il n’y a pas de jalousie, pas de guerre. Nos rapports les uns avec les autres se sont beaucoup améliorés avec la psychologie. Nous avons résolu tous nos conflits. Personne ne se cantonne sur ses positions, tous marchent avec amour et compassion les uns vers les autres. Est-ce bien vrai? Un monde de rêve sans doute, mais pas encore réalisé.
Les rêves et les objectifs de notre foi ne sont pas encore atteints. La grande visée de la Pentecôte demande encore à se réaliser. L’Esprit de Dieu, Esprit de sagesse et de discernement, nous est encore nécessaire pour achever l’œuvre du Christ, la mener à terme dans le cœur de tous les hommes et femmes du monde, dans toute la création. Il nous faut encore appeler l’Esprit de Pentecôte sur chacun / chacune de nous, sur nos assemblées, nos communautés, et sur le monde entier. Nous manquons de souffle, nous avons besoin du souffle de l’Esprit. Nous en avons un urgent besoin.