Le banquet eucharistique
Jésus et Marie sont invités à des noces. Le vin vint à manquer. Marie s’adresse à Jésus : «ils n’ont plus de vin.» Marie ne cherche pas à convaincre Jésus, elle lui fait confiance, elle sait en qui elle a mis sa foi. Jésus répond : «femme que me veux-tu, mon heure n’est pas encore venue.» Que veux dire Jésus, son heure n’est pas encore venue? Il veut fortifier notre foi. Marie sait que la bonté de Jésus n’est pas emmurée dans le temps, elle connaît le coeur de son Fils, elle l’a mis au monde, elle est la Mère immaculée, son cœur bat au rythme de celui de Jésus. «Faites tout ce qu’il vous dira dit Marie aux serviteurs.» Il y avait là six bacs de pierre, Jésus dit aux serviteurs : «remplissez ces bacs avec de l’eau,» ils les remplirent jusqu’au bord. Jésus leur dit : «Prenez maintenant et portez-en au responsable de la fête.» Le responsable de la fête goûta l’eau changée en vin mais il ne savait pas d’où venait le vin, seuls les servants qui avaient puisé l’eau le savaient. Le maître du repas appelle le marié et lui dit : «Tout le monde sert d’abord le bon vin, et quand les gens ont bien bu, on donne le moins bon.» C’est ainsi que Jésus fit son premier miracle, à Cana en Galilée. (Jn, 2, 1-11) Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui.
Que nous apprend la demande de la Mère de Jésus, la réponse et les gestes posés par Jésus? Voyant la situation embarrassante des mariés, Marie intercède auprès de son Fils. Marie est aussi notre Mère, elle intercède pour nous auprès de Jésus comme elle l’a fait aux noces de Cana. Jésus ne peut rien refuser à sa Mère. Comme une bonne maman, Marie est sensible aux besoins de ses enfants. Devant l’embarras des époux, Marie s’adresse à Jésus avec son cœur de Mère : «faites tout ce qu’il vous dira.» Marie nous montre le chemin de la confiance inconditionnel pour nous garder dans l’espérance et nous faire entrer dans la joie de Dieu. Le récit des noces de Cana nous invite à une prospective intérieure. Ces noces pendant lesquelles Jésus manifeste sa miséricorde et sa bonté nous amène à regarder comment nous réagissons devant le désarroi des personnes rencontrées. Sommes-nous prêts à leur tendre la main ? Que pouvons-nous faire pour eux?
«Femme, que me veux-tu, mon heure n’est pas encore venue.» Ce n’est pas encore l’heure de Jésus pour manifester sa gloire. Mais le temps presse, les enfants des hommes ont besoin d’être secourus, la miséricorde ne peut se faire attendre, Jésus est sensible aux besoins de ses frères et sœurs. À la demande de sa Mère, Jésus ne peut que satisfaire le désir de son cœur, un même désir les unit : se mettre au service des enfants de Dieu. «Faites tout ce qu’il vous dira.» Marie sait que la parole de son Fils est féconde, elle produit de bons fruits, elle donne ses bienfaits. Jésus ne s’attarde pas à savoir si les mariés méritent ou non ce qu’il s’apprête à faire, le don de Dieu est gratuit, il donne parce qu’il aime.
Les noces de Cana préfigurent le don de l’eucharistie. À l’eucharistie, aux paroles de la consécration, sous la mouvance de l’Esprit-Saint, le vin est changé au sang de Jésus. Le vin de la noce a abreuvé les mariés et leurs invités, le sang de Jésus, sous l’apparence du vin, abreuve, nourrit et sanctifie tous les communiants en état de grâce. Jésus présent dans l’eucharistie se donne tout entier à tous, prodiguant ses grâces et ses bénédictions, il redonne force et vigueur à nos âmes et à nos corps. Le vin devenu le sang de Jésus est celui de l’amour. Un vin nouveau, une Alliance nouvelle se prépare. Jésus est l’Époux de la Nouvelle Alliance, il veut s’unir à chaque personne, la faire pénétrer de plus en plus en son mystère divin. Jésus se plaît à la combler, à lui faire découvrir les délices de l’amour divin. Unie à Jésus, elle expérimente la croix, un chemin douloureux et amoureux tout à la fois. Jésus veut se donner totalement jusqu’à devenir Un avec elle dans l’amour de son Père : «Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous afin que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn, 17, 21)
Le miracle des noces de Cana préfigure les noces de l’âme avec l’Époux, l’union parfaite scellée par le Christ, Époux de l’Église. En chemin vers les épousailles, Jésus creuse l’âme de la faim de Dieu, une faim et une soif que rien ne peut étancher ici-bas, la soif même de Jésus sur la croix. «J’ai soif.» Sur ce chemin, à la rencontre de l’Époux, l’âme tendra sans cesse vers Dieu, elle réclamera son Bien Aimé qui lui semblera parfois inaccessible : dans la foi et l’amour, la souffrance et la contemplation, l’Époux l’introduira peu à peu aux noces éternelles. Les invités aux noces de Cana représentent l’Église; nous sommes l’Église. À l’eucharistie, Jésus se donne corps et âme pour nous revêtir de l’habit de noces.
Dès ici-bas, nous commençons à vivre et à bénéficier des noces éternelles préparées pour nous de toute éternité. Au banquet eucharistique, nous sommes à la table de Dieu mangeant et buvant son corps et son sang. Comme aux noces de Cana, sa Parole nous sanctifie, elle porte des fruits. Le vin nouveau de la nouvelle Alliance nous invite aux noces de l’Agneau. Du don de sa vie, il vient nous fortifier et soigner nos blessures, nous donner son Esprit, établir une Alliance d’amour et de fidélité avec chacun de nous. L’Époux nous donne un avant-goût du banquet céleste. Chaque banquet eucharistique auquel nous participons nous approche des Noces éternelles. Aujourd’hui, nous vivons de foi mais viendra le jour où le voile tombera, nous le verrons tel qu’il est. Dans un éternel ravissement, nous nous délecterons de sa Présence.
Lève ton regard vers l’Époux
Avance à sa rencontre
Laisse-toi saisir par sa joie
Laisse sa tendresse te prendre par la main
L’aube éclairer ton visage
Laisse monter de ton cœur le flot de tes espérances
Et l’aurore te baigner de sa rosée
Laisse-toi aimer dans la beauté de ta Lumière.
L’Époux émerveillé de sa toute belle
Ouvrira la Noce pour toi
Il traversera l’océan de tes peurs
Pour te prendre dans sa joie.
Vierge Marie, par ton Cœur maternel,
nous présentons à Jésus tous les couples de la terre.
Dans les peines comme dans les joies,
qu’ils puisent force, générosité et sérénité
à la source du sacrement de leur mariage.