Mendiants de la Parole et du Pain !
Ce récit est toujours émouvant et instructif, tellement il nous rejoint dans ce que nous vivons. Il nous éclaire sur le chemin à suivre pour trouver joie et lumière. Les deux disciples, tristes et déçus, c’est nous, chacun/e de nous, bien souvent, quand les choses ne tournent pas rond, quand elles ne vont pas comme nous les avions imaginées, ou selon notre volonté ou nos rêves. Nous sommes alors dans la perplexité et le découragement au sujet de ce en quoi nous avions cru, au sujet de celui ou celle en qui nous avions placé notre espérance. Le récit d’Emmaüs nous amène tranquillement à revoir et revisiter les piliers, les pôles fondamentaux de notre condition chrétienne, de notre quête spirituelle, à retrouver nos convictions et motivations véritables dans la vie.
Nous apprenons d’abord que nous ne pouvons pas connaître le Christ, le Ressuscité, le Vivant Sauveur et son bonheur, sans les Écritures, sans le témoignage de la Parole qui nous parle de lui et de son passage, qui nous mène à lui.
Nous ne pouvons pas voir le Christ sans l’inviter à notre table, sans y faire aussi une place pour nos frères et sœurs, sans nous laisser nourrir du Pain de son amitié et de la leur, sans nous exposer ainsi à sa mystérieuse présence dans le Pain partagé, sans la personne du plus pauvre.
Nous ne pouvons pas trouver le Christ sans le chercher en Église et dans l’assemblée du partage, de la consolation et du pardon, sans communier par la charité avec tous nos frères et sœurs croyants et avec toute humanité.
Dans ce récit se résume et s’accomplit notre parcours. Nous suivons à la trace les variations et les étapes de notre condition croyante et de nos cheminements humains. Nous y retrouvons le Christ non pas comme celui qui nous culpabilise et nous menace, mais un Christ qui nous rassure, nous guide et nous chauffe le cœur, parce qu’il est à côté de nous, parce qu’il est avec nous.
Il n’est pas celui qui passe et continue son chemin, mais il est le Seigneur qui reste avec nous et qui s’assoit à la table de l’Eucharistie pour nous dire l’Amour dont Dieu nous aime, pour nous donner l’énergie qui nous fera témoigner de cet amour et nous donnera la passion d’aller avec enthousiasme et compassion vers les autres pour leur dire cet amour dans les plus humbles services.
Il est le Christ, non pas pour nous tout seul, mais il nous envoie les uns vers les autres, parce qu’il est venu pour tous et qu’il nous aime tous.
Rappelons-nous nos voyages, d’il n’y a pas si longtemps, où nous avons vu tellement de gens dans les gares et les aérogares, qui allaient et venaient dans tous les sens, dans les trains et les avions. Ils venaient de partout et repartaient aussitôt vers ailleurs. Des milliers de gens que nous ne connaissions pas. Ces milliers de gens avaient un visage, une personnalité, chacun/e une quête intime et profonde, l’envie d’une marche en avant, vers les uns, vers les autres, avec chacun, chacune son poids personnel d’existence, son besoin d’aimer, d’être aimé.
Sachons que nous sommes tous pareils et si différents, tous en besoin des autres, en attente de la joie parfaite, en poursuite d’un voyage intérieur, où Jésus nous accompagne, lui, patient et lumineux, prêt à se révéler, à se dire, à se donner à nous, à nous consoler, à nous accompagner encore et encore, jusqu’au bout du chemin, le temps de tout nous expliquer à propos de lui et de nous-mêmes.