Soeur Véronique-Sophie
« Seigneur, tu sais mieux que moi
que bientôt je serai vieille,
car je vieillis chaque jour.
Aide-moi à ne pas devenir bavarde,
et garde-moi de la désastreuse habitude
de croire que j’ai quelque chose à dire
et à tout bout de champ.
Libère-moi du désir d’arranger
les affaires de tout le monde.
Rends-moi pensive et réfléchie
mais sans devenir maussade.
Que j’aide mais sans dominer.
Il semble parfois dommage
de ne pas utiliser plus
mon immense réserve d’expériences.
mais tu sais Seigneur
que j’aimerais garder quelques amis.
Garde-moi de me perdre
dans le récit de mille détails,
et donne-moi des ailes
pour aller à l’essentiel.
Détache-moi de mes peines et bobos
et aide-moi à les supporter avec patience.
Enseigne-moi le merveilleuse leçon
qu’il peut m’arriver d’avoir tord.
Aide-moi à être douce mais pas trop.
Je ne tiens pas à être sainte :
il est parfois très difficile
de vivre avec une sainte.
Mais une vieille femme amère
est un chef-d’ouvre du diable.
Aide-moi à jouir de la vie,
il y a tant de choses gaies et amusantes,
et je ne voudrais pas en manquer une, »
Sour Véronique-Sophie,
Religieuse française du XVIIe siècle
Texte paru dans la revue Carrefour, oct.94
Béni Seigneur tous ceux qui sont dans la tristesse
De Soeur Édith Stein, carmélite
Bénis l’esprit brisé
des souffrants,
la lourde solitude des hommes,
l’être qui ne connaît nul repos,
la souffrance qu’on ne confie
jamais à personne.
Bénis le cortège
de ces noctambules
que n’épouvante pas le spectre
des chemins inconnus.
Bénis la misère des hommes
qui meurent en cette heure.
donne-leur, mon Dieu,
une bonne fin.
Bénis les cours, Seigneur,
les cours amers.
avant tout
donne aux malades
le soulagement,
enseigne l’oubli
à ceux que tu as privés
de leur bien le plus cher.
ne laisse personne sur la terre entière
dans la détresse.
Bénis ceux qui sont dans la joie,
Protège-les, Seigneur.
Moi, tu ne m’as jamais,
À ce jour, délivrée de la tristesse.
Elle me pèse parfois beaucoup.
Néanmoins tu me donnes ta force
Et je peux ainsi la porter.
J’ai voulu avoir l’intelligence de ce que je crois
de saint Augustin
J’ai voulu avoir l’intelligence de ce que je crois
Seigneur autant que j’ai pu
Autant que tu m’en as donné la force
Je t’ai cherché
Et j’ai voulu avoir l’intelligence de ce que je crois
Et j’ai beaucoup discuté
Et j’ai peiné.
Seigneur, mon Dieu
Mon unique espérance
Exauce-moi
Ne permets pas que je me lasse de te chercher
Mais mets-moi au cour
Un désir plus ardent de te chercher
Me voici devant Toi avec ma force et ma faiblesse
Soutiens l’une, guéris l’autre.
Devant Toi est ma science et mon ignorance,
Là où tu m’as fermé, ouvre à celui qui frappe.
Que je me souvienne de Toi.
Que je te comprenne.
Que je t’aime.