L’arrangement évangélique!
C’était déjà beau et rassurant la loi du Talion! Œil pour œil. Dent pour dent. Que chacun paye le juste prix pour ses bêtises et ses offenses, c’était là la limite cependant pas toujours respectée… Jésus, lui, nous propose un tout autre arrangement, qui risque moins l’escalade de la violence, qui ne laisse pas de place à l’esprit de vengeance.
C’était déjà beau d’aimer son prochain et de haïr son ennemi. Après tout il l’a bien mérité celui qui nous fait du tort. C’est un juste retour des sentiments que de l’envoyer se promener à son tour. Mais Jésus, lui, n’arrête pas là notre règle de vie et d’amour. Il attend plus et mieux de ses disciples. Que nous aimions même nos ennemis! Il nous demande de ne pas résister aux méchants. Il nous parle presque d’abandon, de pardon, d’une immense générosité en toute occasion. Il parle de n’en vouloir à personne. Et d’être disposé à aimer tout le monde. De ne vouloir à chacun, à chacune que du bien, allant même jusqu’à prier pour lui, pour elle.
Savait-il bien, Jésus, l’enjeu de ce qu’il nous demandait? Ne nous engageait-il pas dans une mission impossible? La bonne réponse à ces deux questions, c’est oui ! Oui, Jésus mesure bien ses mots, il est sérieux. Il nous le prouve par toute sa vie donnée et son pardon accordé à tous ceux qui le tourmentaient, et jusque dans sa mort sur la croix. Oui, c’est une mission impossible qu’il nous confie à ne considérer que nos forces naturelles, notre caractère, notre culture animale, nos tendances innées. Pourtant avec lui, c’est possible!
Et voilà que Jésus est là qui insiste. Il prône avec force la non-violence, la douceur, l’esprit de paix, le service des autres et le don de soi sans réserve. Il en fait des béatitudes, des formules gagnantes pour notre vie.
Jésus, on s’en doute bien, ne nous demande pas d’être serviles et bonaces, de nous prêter à tous les caprices et à tous les abus. Lui-même il a su élever le ton, appeler les choses par leur nom. Il reconnait les avantages de la correction fraternelle. Il faut savoir avec lui lutter contre le mal, nous tenir debout devant l’injustice, avoir le courage de protester, aller jusqu’à nous battre pour le droit et la vérité.
Mais ce qui importe ici c’est de réfléchir chacun, chacune sur notre condition personnelle d’enfant de Dieu, de fils et fille de Dieu, créés par lui à son image. Il y a en chacun de nous une dignité et une bonté qui ne demandent qu’à s’accomplir, qu’à se vivre, qu’à se révéler jusque dans le détail de nos vies, de nos relations. « Nous sommes un sanctuaire de Dieu, écrit S. Paul, l’Esprit de Dieu habite en nous » Quelle dignité, quel appel nous sont dès lors signifiés : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » nous demande Jésus. C’était, du même coup, reconnaître cette capacité immense en nous d’aller dans le sens de l’appel qu’il nous fait. L’Esprit de Dieu ne saurait faire défaut à tous ceux qui l’accueillent. Nous aurons au besoin tout ce qu’il faut pour témoigner douceur, respect, miséricorde à tous et chacun. Jésus ne nous demande rien de moins que de nous situer dans les perspectives immenses de la sagesse et du cœur de son Dieu et Père, lui dont les « pensées sont des pensées de paix. Lui qui est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. »
J’apprécie beaucoup vos homélies.
Puis-je lire votre homélie de dimanche prochain, le 1er dimanche du Carême, sur Matthieu 4, 1-11?