1 Du maître de chant. Psaume. De David.
2 En ta force, Yahvé, le roi se réjouit ; combien ton salut le comble d’allégresse !
3 Tu lui as accordé le désir de son cœur, tu n’as point refusé le souhait de ses lèvres. Pause.
4 Car tu l’as prévenu de bénédictions de choix, tu as mis sur sa tête une couronne d’or fin ;
5 tu lui as accordé la vie qu’il demandait, longueur de jours, encore et à jamais.
6 Grande gloire lui fait ton salut, tu as mis sur lui le faste et l’éclat ;
7 oui, tu l’établis en bénédiction pour toujours, tu le réjouis de bonheur près de ta face ;
8 oui, le roi se confie en Yahvé la grâce du Très-Haut le garde du faux pas.
9 Ta main trouvera tous tes adversaires, ta droite trouvera tes ennemis ;
10 tu feras d’eux une fournaise au jour de ta face, Yahvé les engloutira dans sa colère, le feu les avalera ;
11 leur fruit, tu l’ôteras de la terre, leur semence, d’entre les fils d’Adam.
12 S’ils dirigent contre toi le malheur, s’ils mûrissent un plan : ils ne pourront rien.
13 Oui, tu leur feras tourner le dos, sur eux tu ajusteras ton arc.
14 Lève-toi, Yahvé, dans ta force ! Nous chanterons, nous jouerons pour ta vaillance.
(Bible de Jérusalem)
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Le psaume 21 est une action de grâce collective pour la libération récente du roi. Il ressemble à des hymnes que l’on va trouver au Moyen Empire en Égypte. Dans le temple qu’il lui a construit, le roi est accueilli par la divinité ; celle-ci lui assure qu’il aura la victoire sur ses ennemis.
Il comporte quatre parties : v. 2, la réjouissance du roi ; v. 3-8, la libération récente du roi par Dieu ; vv. 9-13, la future victoire de Dieu sur tous ses ennemis ; v. 14, la réjouissance du peuple.
Les destinées du roi et du peuple sont intimement mêlées dans ce psaume. Si le roi, en effet, semble être le seul bénéficiaire de la bénédiction divine, c’est bien tout le peuple qui va voir sa vie changer.
v. 2 : On affirme d’abord les raisons qui invitent à l’action de grâce.
vv. 3-8 : On rappelle la prière du roi et la réponse de Dieu à cette prière. Les verbes sont principalement au passé. Le roi, dans un passé récent, a crié sa détresse vers Dieu qui l’a exaucé. Cette libération a des conséquences pour la vie présente du roi et celle de son peuple.
Le désir du cœur du roi, au v. 3, renvoie au désir de régner sur tout Israël du roi David (cf. 2 S 3,21 : « Abner dit ensuite à David : » Allons! Je vais rassembler tout Israël auprès de Monseigneur le roi : ils concluront un pacte avec toi et tu régneras sur tout ce que tu souhaites. » ») et du roi Jéroboam (cf. 1 R 11,37 : « Pour toi, je te prendrai pour que tu règnes sur tout ce que tu voudras et tu seras roi sur Israël. »).
Le v. 4 parle de l’or fin. C’est le seul passage de tout le psautier où l’on fait mention de l’or fin avec Ps 19,11 (« désirables plus que l’or, que l’or le plus fin ; ses paroles sont douces plus que le miel, que le suc des rayons ») et Ps 119,127 (« Aussi j’aime tes commandements, plus que l’or et que l’or fin »). Plutôt que de voir en Ps 21,4 une liturgie de couronnement, ce sont la pratique de la Loi et l’obéissance à l’enseignement divin du roi que viendrait consacrer ainsi la couronne d’or fin.
Dieu, dans sa réponse, va bien au-delà des demandes du roi. Quand celui-ci lui demande de vivre, c’est-à-dire d’échapper à ses ennemis au combat, Dieu lui donne de longs jours. Il lui donne le faste et l’éclat, et pas seulement une notoriété ; il lui donne le bonheur d’être avec lui, et pas seulement un moment paisible.
La bonté de Dieu en faveur du roi se poursuit aujourd’hui car elle le garde du faux pas.
v. 9-13 : Dans les versets 9-13, le psaume maintient une certaine ambiguïté pour savoir à qui on s’adresse : à Dieu ou au roi ?
Si Dieu établit le roi en bénédictions ; il fera des ennemis une fournaise. D’un côté, il enveloppe le roi de ses bénédictions ; de l’autre, il consume dans le feu les ennemis.
Non seulement, Dieu va détruire de la surface de la terre ces ennemis, mais aussi il va faire mourir leurs descendants (cf. Ps 137,8-9 : « Fille de Babel, qui dois périr, heureux qui te revaudra les maux que tu nous valus, heureux qui saisira et brisera tes petits contre le roc ! »). Ils ne vivront plus par leurs enfants, contrairement au roi qui aura de longs jours, encore et à jamais, peut-être par ses descendants si nous pensons à l’alliance conclue entre Dieu et la dynastie davidique.
vv. 14 : Ce verset comporte des verbes à la première personne du pluriel car il fait référence à la réjouissance du peuple qui est heureux de la libération du roi et des victoires futures de Dieu.
La mention de la force de Yahvé forme une inclusion avec le v. 1. Si le roi pouvait se réjouir dans la force divine au v. 1, c’est tout le peuple, tant leurs destins sont communs, qui doit être dans l’allégresse à cause de la force de Yahvé.
Nous pouvons facilement faire une lecture messianique de ce psaume. Le Targum a ainsi lu « le roi Messie » au v. 1 et au v. 7 au lieu de simplement « le roi ». En parlant de la seconde Venue de Jésus, en 2 Th 1,6-10, saint Paul semble reprendre des expressions provenant de notre psaume : « Car ce sera bien l’effet de la justice de Dieu de rendre la tribulation à ceux qui vous l’infligent, et à vous, qui la subissez, le repos avec nous, quand le Seigneur Jésus se révélera du haut du ciel, avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme brûlante, et qu’il tirera vengeance de ceux qui ne connaissent pas Dieu et de ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ceux-là seront châtiés d’une perte éternelle, éloignés de la face du Seigneur et de la gloire de sa force, quand il viendra pour être glorifié dans ses saints et admiré en tous ceux qui auront cru – et vous, vous avez cru notre témoignage. Ainsi en sera-t-il en ce jour-là. »