Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
(Jean Ferrat) Cliquez pour écouter la chanson
Une amie vient de perdre son mari. Comme ça, sans que rien ne vienne présager de ce coup de tonnerre dans ce ciel bleu. Bien sûr, comme nous tous, quelques instants avant le drame, cette amie n’aurait pas dit que ce ciel était entièrement bleu. Le ciel avait des nuages. Il est arrivé qu’elle le trouve trop nuageux. Et même, il y avait certains jours de la pluie et des orages dans cette vie à deux. Et parfois, elle se plaignait de lui, gentiment. Comme nous tous pouvons le faire de notre moitié. Parfois, elle avait tendance à trouver qu’elle en faisait beaucoup. Beaucoup plus que lui dans les tâches. Et à présent qu’il n’est plus, elle dit qu’elle serait prête à en faire encore dix fois plus, si seulement il pouvait encore être là…
Nous vivons avec des œillères notre vie de couple. Tous autant que nous sommes ! Nous croyons que tout nous est acquis. Nous nous croyons indéboulonnables dans cette vie, et nous croyons à la pérennité de la vie des proches qui nous entourent. Bien sûr, parfois, un petit vertige nous saisit. Mais nous sommes au fond ce riche insensé que Jésus décrit dans les Évangiles : « Insensé ! Cette nuit même ton âme te sera redemandée… » (Luc, 12, 20).
« Combien de temps gaspillé à se disputer pour des queues de cerise? » Voilà ce que regrette mon amie.
Mais, est-il vrai que nous pouvons vivre de manière idyllique sur Terre? Pouvons-nous faire fi sans fléchir des agacements que nous éprouvons? Les agacements ne sont-ils pas part de la vie elle-même? Nous avons au fond de nous-mêmes une quête d’absolu que seul Dieu peut combler par sa perfection. Notre vie pleine et réelle ne peut qu’être imparfaite. La vie ne peut être toujours lisse ici-bas. Mais nous pouvons tendre vers une vie plus harmonieuse et délaisser davantage les irritants qui accompagnent notre quotidien. Nous pouvons, chaque jour qui nous est donné, prendre quelques instants pour réaliser la chance qu’est l’autre dans notre vie…
Il nous faut alors adopter un autre regard. Chérir le bonheur autrement. Percevoir la trame de nos vies tissées de fils de joie et de fils d’amertume. Il nous faudrait être capable de saisir l’étoffe de nos vies et réaliser que ces fils sont enlacés ensemble et que si nous en retirions les brins que nous aimons moins, le tissu s’en trouverait percé. Ainsi nous pourrions croire Jean Ferrat quand il chante que le bonheur existe ailleurs que dans le rêve ailleurs que dans les nues, Terre, terre voici ses rades inconnues…
Il nous faudrait apprendre à chérir cette vie réelle, ce conjoint réel.
Bonjour,
J’adore les vrais philosophes, les chansonniers, les poètes! Que de moments gâchés à se disputer, je le sais! Mais je crois que de vivre à deux est un privilège que plusieurs ignorent. Car de même qu’il faut savoir apprécier sa solitude, celle de l’autre, et ‘nous deux’, il faut s’aimer assez et être capable de discerner si je nuis à l’épanouissement de l’autre, ou à moi-même -et ce de manière passagère ou permanente?- et savoir mettre un frein au bon endroit-. Maintenant que je suis seule, j’aime ‘tout ce que j’ai’ au fond; et si un jour je retrouve ce bon et beau privilège de former une histoire à deux, ce sera pour apprécier ‘ce qui est!’ Merci la Vie!