Météo pour la fin des temps
Maître, quand donc cela aura-t-il lieu, et quel sera le signe que cela va arriver ? Jésus répondit : Prenez garde de ne pas vous laisser abuser, car il en viendra beaucoup, en mon nom, qui diront : C’est moi ! Et encore : Le temps est tout proche. Ne vous mettez à leur suite. Quand vous entendrez parler de guerre et de bouleversements, n’allez pas vous effrayer ; il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas de sitôt la fin . Puis il leur dit : On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et çà et là des pestes et des famines ; il y aura aussi des phénomènes effrayants et dans le ciel de grands signes. Mais avant tout cela, on portera la main sur vous, on vous persécutera, on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous traduira devant les rois et des gouverneurs à cause de mon Nom, et cela vous permettra de témoigner . Mettez-vous bien dans l’esprit que vous n’aurez pas à préparer votre défense, car je vous donnerai moi-même un langage et une sagesse, à quoi nul de vos adversaires ne pourra résister, que nul ne pourra contredire. Vous serez livrés même par vos père et mère, par vos frères, vos proches, vos amis ; on fera mourir plusieurs d’entre vous, et vous serez haïs à cause de mon Nom . Mais pas un cheveu de votre tête ne périra . Vous sauverez vos vies par votre constance !
Commentaire :
POUR HIER
Les millénaristes existaient-ils au temps de Luc, voire même de Jésus ? On le croirait à lire ce discours sur la fin des temps. Luc tente de dissuader les gens qui s’imaginent, à cause de certains signes, cataclysmes ou autres, que la fin des temps est proche, le Royaume de Dieu sur le point d’apparaître et que le Fils de l’homme va se montrer sur les nuées d’un moment à l’autre. N’allez pas derrière eux ! conseillait l’évangéliste Luc. Pareils pressentiments provoquent une fièvre passagère qui engendre déception et crise au niveau de la foi ; on cesse alors d’attendre et de vivre dans l’espérance. Même les guerres et les désordres n’auront nulle valeur de signes précurseurs, ni relation avec la fin . Luc est convaincu que cette fin ne doit pas venir de si tôt. Il a d’ailleurs pour appuyer son argumentation le discours de Jésus lui-même : Quand à la date de ce jour et à l’heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne que le Père seul . (Mat. 24 :36)
Cela dit, Luc va poursuivre en dénonçant d’autres signes susceptibles de nous faire croire que la fin est proche : On se dressera nation contre nation, il y aura de grands tremblements de terre et par endroits, des pestes et des famines . Et il ajoute : des prodiges effrayants et de grands signes dans le ciel, dont il précise la nature dans les versets 25-26 qui suivent.
Mais avant tout… Mots combien importants ! Si la fin, malgré ces événements cosmiques, n’est pas pour si tôt, certains événements doivent d’abord se produire : les persécutions, conditions des chrétiens tant que durera l’histoire de ce monde. Dans cette page d’évangile, Luc veut encourager les victimes de persécutions en accentuant les motifs qui soutenir leur espérance dans les épreuves . C’est un appel à la confiance que lance l’évangéliste à ses fidèles . Les persécutions deviendront pour les persécutés garanties de salut, d’autant plus qu’ils n’auront pas à préparer leur plaidoirie . Ils ne recevront pas seulement ce qu’ils auront à dire, mais leurs paroles seront invincibles et les adversaires confondus. Ils seront assurés d’une protection toute spéciale promise par Jésus en une autre occasion, à la mode orientale, mais qu’il ne faut pas prendre à la lettre: Pas un cheveu de votre tête ne tombera . Luc veut simplement insinuer à quel point Dieu veillera sur les siens persécutés.
Qui aura tenu bon jusqu’à la fin … Pour Luc, dans la logique de son argumentation, il n’y a aucun rapport entre les persécutions et la fin ; les persécutions ne sont pas une épreuve caractéristique des derniers temps, elles définissent la condition du chrétien dans le monde. Aussi déclare-t-il : C’est par votre constance que vous gagnerez vos vies . Constance valable en n’importe quel temps, forme de persévérance que réclament les épreuves de la vie chrétienne. (8 :15) Telle sera l’une des préoccupations majeures de l’évangélisation de Luc dont les Actes sont un témoignage (11 :23; 13 :43; 14 :22) :. fermeté dans l’attachement à la foi, source de vitalité et garantie de fécondité. Confiance ! Dieu n’abandonne jamais les siens.
POUR AUJOURD’HUI
Les chrétiens de tout temps sont perpétuellement divisés quant à leur appartenance à l’Église et leur appartenance au monde. Ce monde évolue à une vitesse progressivement accélérée et l’Église s’essouffle à tenter de rattraper les retards. Leur foi en l’Église chancelle. D’autres, engagés dans la construction de ce nouveau monde, se sentent tellement étrangers parmi ceux et celles qu’ils côtoient à l’Eucharistie et que l’avenir du monde ne semble pas intéresser . Ils se sentent comme écrasés par tant de lenteurs et d’indifférences à humaniser ce monde, un monde qui d’autre part ne semble pas avoir besoin de l’Évangile . Ils deviennent ainsi objets de critique, de ridicule ou pire que tout, objets d’une totale indifférence, incompréhension, comme s’ils n’étaient pas de leur temps.
Aussi Luc nous met-il en garde contre la tentation de l’impatience ou du découragement. L’épreuve marque l’attente active et constructive du Royaume, elle est inhérente à l’apostolat . Le serviteur n’est pas plus grand que son maître ; s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront, vous aussi . Jn.15 :20
Tel est donc le sens de l’enseignement de Luc sur la fin des temps. Ce qu’il faut y lire : une somme d’encouragement pour la période difficile que nous vivons suite au Concile de Vatican II et son immense désir de se rapprocher d’un monde indifférent en raison du passé, et pour toutes formes de persécutions qui s’en suivent, plus froides que douloureuses.
Que prévoir pour demain ? Journée ensoleillée ou ennuagée ? Qu’importe ! Le temps suivra bien son cours et la vie jaillira en abondance malgré l’attente imprévisible du retour glorieux du Christ.