Professeur de théologie à l’Institut catholique de Paris; aumônier du maquis du Vercors ; fusillé à Grenoble en 1944. Pendant la guerre, il entre en résistance spirituelle. A partir de 1942, il participe activement à l’élaboration des cahiers du Témoignage chrétien et son rôle est capital dans sa diffusion dans la zone nord. Il dénonce l’antisémitisme comme étant incompatible avec le christianisme. Il appelle les chrétiens à réveiller leur consciences, à témoigner.
C’est donc assez logiquement, pendant l’été 1943 et à Pâques 1944, au cours de séjours de camps de jeunes, qu’il est appelé auprès de résistants du Vercors. En effet, de jeunes chrétiens combattants s’y trouvent, dépourvus de sacrements et aux prises avec des problèmes de conscience qu’ils ne peuvent résoudre seuls. En juillet 44 il gagne le plateau du Vercors pour ce qui devait être une brève enquête de terrain. Mais il arrive fortuitement sur le Vercors quelques jours avant l’attaque allemande. Au lieu d’essayer de s’enfuir avec les hommes valides, il décide de rester avec les grands blessés. Pris dans la grotte de la Luire avec les médecins, les infirmières et les blessés, il est emprisonné à Grenoble et fusillé avec plusieurs de ses codétenus dans la nuit du 10 au 11 août 1944.
Le premier travail, le travail fondamental de notre vie chrétienne, c’est de nous laisser guider en tout par l’Esprit du Christ. Ce n’est pas une tension de nous mêmes qui nous est demandée, mais un abandon à cette impulsion divine.
Abandon qui n’a rien, du reste, d’une paresse ou d’une passivité, au sens où l’on emploie généralement ce mot. Il y a des forces égoïstes et troubles qui s’agitent en nous et c’est à elles que la capitulation de la volonté livre l’âme. Il ne s’agit pas de nous conduire, mais d’être conduit par le Christ.
De quelles voies faut il nous détourner, ou dans quelles voies faut il désirer marcher pour rester sous la direction du Christ? Pour le savoir, nous n’avons pas à compter seulement sur une sorte d’illumination intérieure. Il y a une vie véritablement humaine où nous pouvons contempler dans un modèle parfait ce que doit être notre conduite : c’est la vie du Christ lui même. Il nous montre par son exemple ce que c’est qu’une vie d’homme toujours pénétrée de l’Esprit Saint. Sans doute il ne s’agira pas de la copier matériellement et servilement, car nous ne nous trouvons pas exactement dans les mêmes circonstances, nous n’avons pas la même tâche extérieure à remplir. Mais dans les actes du Christ, aussi bien que dans ses paroles, se révèlent les principes qui inspirent son action, les jugements de valeur qui dictent son attitude et commandent ses réactions.
C’est cela que nous devons faire nôtre, incorporer progressivement à la substance de notre être. Plus nous le ferons, plus nous agirons spontanément comme le Christ, plus nous serons sous la conduite de l’Esprit Saint. Plus nous serons, dans les circonstances où Dieu nous a placés, d’autres Christs, c’est à dire des chrétiens. C’est pourquoi la méditation de l’Évangile n’est pas un exercice facultatif pour ceux qui veulent vivre leur incorporation au Christ. C’est là qu’ils en puiseront les moyens.
Ajoutons le, ce n’est pas seulement un exercice provisoire et qui n’aurait qu’un temps. Sans doute rien ne demande qu’il soit exclusif, encore qu’en un sens tout s’y rapporte : car le reste devra servir, d’une manière ou d’une autre, à éclairer, à interpréter l’exemple du Christ. Mais nous aurons toujours à le pénétrer davantage.
Il faut déjà commencer, si peu que ce soit, à posséder l’esprit du Christ pour comprendre la vie du Christ, en sorte qu’elle ne soit pas seulement devant nos yeux comme une série de faits, mais que nous ayons l’intelligence de sa signification. Réformer notre conduite d’après ce que nous aurons compris nous pénétrera davantage de l’Esprit du Christ, car on obtient cet Esprit, non par la force de la raison, mais par la fidélité dans l’action aux lumières reçues. Revenant alors à l’Évangile, nous en pénétrerons mieux le sens. Et une nouvelle fidélité nous permettra de nouveau une intelligence plus profonde des leçons évangéliques.