Rabbi Shimon enseigne : Malheur à l’homme qui prétend que la Torah est venue nous prodiguer purement et simplement des chroniques et des mots destinés au vulgaire. Car s’il en était ainsi, même à notre époque, nous serions en mesure de fabriquer une Torah avec des paroles de cette sorte. Nous serions même capables d’en faire de plus valables que celles-ci. S’il s’agissait de purs récits, même dans les chroniques qui circulent, il y a des termes plus choisis. S’il en est ainsi, allons-nous les suivre et fabriquer une Torah ? Mais en réalité, toutes les paroles de la Torah sont des paroles cachées et des secrets élevés. […]
Lorsque la Torah est descendue dans ce monde-ci, ce monde n’aurait pas été capable de la supporter si elle ne s’étai pas revêtue des habits de ce monde. C’est pourquoi le récit de la Torah est son vêtement. Celui qui pense que ce vêtement est réellement la Torah et non autre chose, que son esprit soit chassé et qu’il n’ait pas de part au monde à venir. C’est pour cela que David s’est exclamé : «Dessille mes yeux et je contemplerai les merveilles de la Torah» (Ps 119,18), à savoir, ce qui est sous le vêtement.
Viens et vois : il y a un vêtement qui est manifeste pour tous et les sots lorsqu’ils voient un homme dans un habit qui leur paraît beau, ne réfléchissent pas davantage. Mais la valeur du vêtement réside dans le corps, et la valeur du corps réside dans celle de l’âme. Il en va de même pour la Torah, qui a un corps, ce sont les préceptes de la Torah qui sont dénommés gûfey Torah, les corps de la Torah, ce corps est revêtu d’un vêtement, ce sont les récits de ce monde. Les sots qui peuplent ce monde ne considèrent que ce vêtement, le récit de la Torah. Ils ne comprennent pas davantage et ne considèrent pas ce qui est sous ce vêtement. Ceux qui connaissent davantage, ne considèrent pas le vêtement mais le corps qui est sous le vêtement. Cependant que les sages, serviteurs du Roi d’en haut, ceux qui étaient debout au Sinaï, considèrent l’âme qui est le principe de tout, la Torah véritable. Et dans l’avenir, ils seront aptes à contempler l’âme de l’âme de la Torah.
Viens et vois : en haut également, il existe vêtement et corps, âme et âme de l’âme. Les cieux et leurs armées sont les vêtements. Knesset Israël (l’Ecclesia d’Israël) c’est le corps lequel reçoit l’âme, à savoir Tiferet Israël (Beauté d’Israël). C’est pourquoi elle est le corps par rapport à l’âme. L’âme dont nos parlons c’est Tiferet Israël, qui est la Torah authentique. L’âme de l’âme, c’est Attiqua Qadisha (le Saint Ancien). Et tout est uni l’un à l’autre.
Malheur à ces pécheurs qui disent que la Torah ne comporte que des récits, qui ne considèrent que le vêtement et rien au-delà. Méritants sont ces justes qui considèrent la Torah comme il convient. De même que le vin ne se garde que dans une cruche, de même la Torah ne se présente que revêtue ainsi. C’est pourquoi il convient de ne considérer que ce qui est sous l’enveloppe. En effet, tous ces mots et tous ces récits ne sont que des habits.