Nul n’échappe à la vérité sur soi-même s’il veut être honnête. Pour la plupart d’entre nous, une ou deux grandes épreuves labourent, retournent les profondeurs de notre cœur. Nous en sortons bien secoués, un peu brisés peut-être, toujours instruits, si nous le voulons bien. Apprendre sur soi-même amène à comprendre les autres.
Il ne suffit pas de dire cela pour le chrétien. Découvrir la vérité sur soi-même, par l’épreuve souvent, doit nous ouvrir à ce que nous sommes pour Dieu: Ses enfants. Ses enfants à la suite du Christ. Or nous ne nous découvrons qu’à la lumière de Jésus crucifié par amour pour tous. Ce sont les marques de ses plaies qui donnent un sens profond à ce que nous sommes. Notre être profond, c’est de nous donner, d’aimer quoi qu’il arrive.
Les armes du combat
Pour remporter la victoire, il convient d’avoir quelques atouts de son côté.
Si l’armée que l’on a à sa disposition n’est pas exercée, si les armes sont désuètes, si les soldats sont incompétents, alors il ne faut pas se lancer dans la guerre. De même pour nous. Nous ne pourrons pas remporter certaines batailles si nous ne sommes pas exercés. C’est la fidélité en de petites choses, c’est l’exercice du « oui » à Dieu dans les plus simples réalités qui nous aideront, le moment venu, à faire face à l’adversaire qui veut nous éloigner de Dieu.
L’adversaire a deux armes principales. D’abord, Il endort la conscience. « Oh ! Dieu ne voit rien! », ou encore « cela ne gêne personne! » Il faut donc ne pas dormir. Comme le dit le Seigneur : on mangeait, on buvait, on ne se doutait de rien (Mt 24, 38-39). Vie simple et ordinaire, sans fautes apparentes, sinon que Dieu est absent. L’autre arme est le découragement : « je n’y arriverai jamais, le combat est au-dessus de mes forces… Dieu demande trop… » Là encore, le péril est profond. Le mal n’est pas tant les fautes que nous pourrions commettre, il est dans le fait que nous mettons Dieu hors de notre champ d’action, de notre vie. Le mal l’emportera si le but de la vie n’est plus de vivre avec Dieu.
Nous pouvons donc conclure ceci qui est bien important : il nous faut exercer notre volonté. À chaque pas vouloir vivre avec Dieu. Certes, dire non au mal, dire oui au bien, c’est là le lieu concret de nos combats. Mais la source de tout est de vouloir, consciemment, librement, vivre avec Dieu. Vouloir recevoir sa vie, vouloir vivre en enfant de Dieu, d’un Dieu qui donne tout. La volonté est capitale ici. Ce n’est pas le volontarisme tant décrié. À force d’ailleurs de le décrier, on mésestime ce que nous sommes capables de faire par nous-mêmes. Dieu a confiance en nos possibilités. Il croit en nous. La volonté répond à l’attente et à l’amour de Dieu.
Prendre conscience de la dimension du combat.
Nous avons déjà parlé de ces enjeux. Mais l’apôtre Paul en donne les dimensions. Il écrit : Revêtez l’équipement de combat donné par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable.Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes.Pour cela, prenez l’équipement de combat donné par Dieu ; ainsi, vous pourrez résister quand viendra le jour du malheur, et tout mettre en œuvre pour tenir bon. (Ep 6, 11-13).
Paul donne au combat de la foi sa vraie dimension. Il ne s’agit donc pas seulement de lutter contre nos penchants mauvais mais aussi de lutter contre le Mal dans toute sa dimension et sa force, comme le dit Paul en parlant des esprits mauvais.
Félicité, Martyre à Carthage au 4e siècle, avait eu un songe peu avant de mourir. Elle avait vu toutes sortes de bêtes impures l’entourer, signe du Mal qui voulait la prendre et la perdre. Mais le songe lui disait qu’elle en sortirait victorieuse par le Christ. Comprenons. Si vraiment nous sommes liés les uns aux autres, nous avons influence les uns sur les autres. Notre avancée spirituelle est une avancée pour tous. Mais aussi il y a un combat plus large encore. Il s’agit de lutter contre les forces même du Mal. L’enjeu est là : Faire reculer le Mal. Le Christ ressuscité est vainqueur du Mal. Nous avons, avec le Saint-Esprit, à étendre la joie du Salut au monde. Oublier cette dimension, c’est ne pas prendre au sérieux la confiance du Seigneur à notre égard : il nous confie le monde à évangéliser, à faire émerger des puissances des ténèbres qui veulent l’engloutir. Nous nous appuyons sur la victoire de la Croix.