Une grande semaine, une sainte semaine. Elle s’ouvre avec les cris enjoués d’une foule aux portes de Jérusalem. Elle finit dans une course pleine de frénésie : deux femmes portent une très bonne nouvelle, une nouvelle inimaginable. Entre les deux joies, de longs jours de tristesse et d’angoisse où la douleur et la mort occupent tout le paysage.
Un homme vit, dans toute sa densité, le tragique de son histoire. L’incompréhension, le scepticisme, la trahison, l’abandon, la haine et l’indifférence s’acharnent ensemble sur cet homme. Ils le traquent, ils l’étouffent. Il n’a même plus «l’aspect d’un fils d’Adam» (Isaïe 52, 14). Ce n’est plus un homme. On ne veut plus qu’il soit un homme. On lui refuse ce droit.
Plusieurs siècles plus tard, les semaines ressemblent toujours à celle-là. Partout, en Syrie, parmi les barbelés qui séparent Israël et la Palestine, dans les bidonvilles du Brésil, dans les mouroirs de Calcutta, dans les coins retirés du métro de Montréal, sur le mail des centres commerciaux, derrière les rideaux tirés de tant de demeures, des hommes et des femmes continuent d’être victimes les uns des autres.
Aujourd’hui comme en ce temps-là, les semaines sont encadrées par la joie. Dimanche après dimanche, les chrétiens et les chrétiennes reprennent l’hosanna de la foule et proclament le message des deux femmes. Ils croient que l’homme de cette semaine-là a changé le destin du monde. Ils chantent pour que l’humanité entière apprenne à transformer le tragique au lieu de le subir. Hosanna! Béni soit cet avenir qui vient au nom du Seigneur!