J’étais en France. Un jour, je roulais en automobile entre Paris et Toulouse. Soudain, au milieu de collines verdoyantes, je vis un troupeau de moutons, une grande tache blanche au milieu d’un paysage de verdure. Parmi les animaux, un homme se tenait debout. Je le vis de dos avec sa grand cape de berger. C’était la première fois que je voyais un berger. Et ce fut la seule fois de toute ma vie.
Par ailleurs, j’ai connu un vieux monsieur qui parlait de son jardin comme on parle de quelqu’un qu’on aime. Il communiait à la terre et en portait les odeurs. Il s’attristait de ses sécheresses et se réjouissait de ses produits.
J’ai connu une maman devenue inconsolable parce que son enfant s’était brûlé dans un accident. Elle souffrait autant que le petit. Elle le berçait et supportait difficilement ses gémissements.
J’ai connu un professeur qui ne tarissait pas de bons mots pour ses élèves. Il communiait à leurs réussites comme si c’était les siennes. L’un d’entre eux était-il mal pris, traversait-il un moment pénible? Il s’empressait alors de l’écouter comme s’il avait tout son temps pour lui.
J’ai connu une infirmière qui aimait tellement les malades de son étage qu’il lui arrivait de rester après son travail, simplement pour parler avec l’un ou l’autre qui avait besoin de compagnie.
J’ai connu un père qui ne pouvait pas ne pas aimer son grand adolescent malgré toutes les invectives que celui-ci lui lançait régulièrement. L’amour fermait les yeux. L’amour aimait au delà.
J’ai connu des gens au coeur généreux. J’en connais encore. Des gens à l’affection héroïque. Des gens au dévouement incalculable et in-calculé.
Et je me dis que Jésus aurait sans doute pensé à eux pour dire tout ce qu’il a dit avec l’image du bon pasteur. Il aurait dit: «Je suis la bonne mère, le vrai père, le professeur empressé, l’infirmière attentive, le bon vieux monsieur…» Comme il disait: «Je suis le Bon Pasteur (le vrai berger).» Comme il disait aussi: «Mes brebis écoutent ma voix; moi je les connais et elles me suivent. […] Jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main.»
Jésus aurait choisi autant d’images de la bonté, de la sollicitude, de la compassion, de l’amour empressé. Des images de lui-même pour qu’il soit reconnu comme une image de Dieu, les traits humains, profondément humain, d’un Dieu tout proche, d’un Dieu sensible, Dieu amour.