Un enfant demande à sa mère: «Quand tu étais petite et que papa était petit, c’étaient qui mes parents?» La question nous fait sourire. Elle montre bien que cet enfant n’a pas encore la notion du temps. Il vit au présent, un présent éternel. Avec les années, il découvrira qu’il a commencé un jour. Il a eu un début.
Sans doute qu’il sera fier de ses origines. Devenu adulte, il lui arrivera de se rappeler de bons moments de son enfance. Avec joie, il renouera avec d’anciens amis. Peut-être rencontrera-t-il de la résistance parmi les gens de son pays comme ce fut le cas pour Jésus: «Nul n’est prophète dans son pays».
Cependant, dans le cas de Jésus, c’est moins ses origines familiales qui font problème que son interprétation du patrimoine spirituel de son peuple. Le jour où il prend la parole dans la synagogue, il ose prétendre que la parole du prophète est en train de se réaliser. On rêvait d’un messie grandiose, hors norme. Jésus lui prête les traits ordinaires de son patelin. «Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth?», demande un jour un bon juif qui a épousé les préjugés de son milieu.
Jésus ne s’arrête pas là. Il pousse l’audace jusqu’à annoncer que les étranger accueilleront plus facilement le messie que son peuple qui l’attend depuis des millénaires. Comme s’il fallait faire table rase de son passé. Mettre le compteur à zéro pour regarder avec des yeux neufs.
C’est dans les habitudes de Dieu de faire de l’inattendu, de s’engager hors des sentiers battus. Et il est reconnu par ceux et celles qui ne s’enferment pas dans leurs absolus, dans leurs préjugés, dans leurs idées toutes faites.
Au fond, peut-être que l’enfant a raison de vivre dans un perpétuel présent. Et de poser des questions sérieuses qui ne font sourire que les grandes personnes…