Lundi 8 octobre, jour de l’action de grâce! Pendant que les commissions d’enquête et les perquisitions dévoilent de sombres paysages dans le beau Québec automnal, le calendrier nous invite à l’action de grâce. Pouvons-nous nous permettre de la reconnaissance?
Les pessimistes profitent du congé de lundi pour s’installer devant le petit écran et contempler les saletés qui se manifestent à tous les paliers du domaine public. Les autres préfèrent plonger dans les couleurs automnales, se glisser dans les odeurs de la nature. Et je les envie.
Sans fermer les yeux sur les frasques des bandits, reconnaissons les beautés qui nous entourent. Reconnaissons les dons que la nature nous offre à profusion. Fruits et légumes, rivières et forêts, volées d’outardes et de corneilles, tous les paysages parlent de générosité et de gratuité.
Action de grâce : l’expression dit tout. C’est d’abord une action. Tout bouge. Tout travaille. Tout se développe. La nature est une gigantesque usine de production. Tout est là, à notre portée, comme une offrande. Les pommes déploient leurs charmes. Les citrouilles se font racoleuses. Les oiseaux en bandes serrées s’arrêtent un instant pour le plaisir de nos yeux et de nos oreilles. Tout chante et éclate de joie.
Et toute cette beauté est avant tout une grâce. La nature s’offre sans attendre de retour. Elle donne. Elle donne sans calcul, sans beaucoup de planification. Il peut arriver, comme cette année, que la sécheresse d’une région détruise le travail de germination et de croissance des fruits et des légumes. Il faut alors se tourner vers des régions plus chanceuses. Ce qui manque à l’une peut être offert par l’autre.
Tout est gratuit mais nous sommes invités à participer au travail des jardins et des champs. La nature donne mais, pour recevoir, nous devons tendre la main. Nous sommes invités à participer au travail de la nature. Une heureuse alliance entre la terre et ses habitants. Ce que la nature donne, les humains le reçoivent. Ils le reçoivent, chacun à sa façon, selon sa personnalité et ses compétences. Le jardinier sème et récolte les fruits et les légumes que lui donne son jardin. Le forestier et l’ébéniste conjuguent leurs efforts pour faire des maisons et des meubles avec le bois des forêts.
Au sens fort du terme, les humains rendent grâce. Ils donnent à leur tour ce qu’ils ont reçu. C’est ce que signifie «rendre grâce», rendre la grâce reçue.
Le croyant que je suis reconnaît que Dieu est à l’œuvre dans ce dialogue entre la nature et les humains. Le travail de la nature et celui des humains portent la signature de Dieu. Dans l’agencement de ses lois, la nature parle de Dieu. Dans leurs compétences et leurs talents, les humains évoquent le génie de Dieu.
En Dieu, par la nature et par nous, tout est grâce!