L’automne est arrivé. L’été avec ses lumières fortes et chaudes cède la place à la saison paradoxale des douceurs et des colères. Du jaune et du vert, nous passons maintenant à l’orange et au rouge. J’ai le bonheur d’habiter un pays qui change de paysage à tous les trois mois. L’arc-en-ciel se déploie ainsi sur l’année entière, sur les quatre saisons.
À l’arrivée de chaque saison, le rural en moi s’éveille. Les souvenirs d’enfance émergent de ma mémoire. Septembre, par exemple, me ramène à la petite école en face de la maison familiale. Dans ce «haut-lieu» du savoir, on découvrait le monde à taille d’enfance et on se bâtissait des rêves démesurés.
L’arrivée de l’automne, chaque année comme au temps de mon enfance, me plonge dans la nature. J’habite la grande ville mais je garde bien présent dans le va-et-vient de mon esprit la campagne et ses charmes. Je demeure fasciné par le côté sauvage de la nature rurale. Dans les champs, les fleurs s’étalent un peu partout, un peu n’importe comment. Les sources se faufilent entre les arbres et les rochers. Les forêts imposent leur présence. Le vent est sans retenue. Les odeurs sont proches de la terre.
La nature n’est pas absente de la ville. Elle est là comme partout ailleurs, mais c’est une nature domptée. Les urbains canalisent les rivières et les étangs. Les fleurs se tiennent au garde-à-vous en ligne droite. Elles sont regroupées dans un agencement précis. Les arbres sont devenus des portes, des perrons, des escaliers. En ville, la nature nous est offerte à un second niveau. Les humains l’ont soumise, ils l’ont apprivoisée.
La nature de la campagne suscite mon action de grâce pour l’œuvre créatrice de Dieu. Les paysages portent sa signature. «Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur! Tout cela, ta sagesse l’a fait; la terre s’emplit de tes biens.» (Psaume 103, 24)
En ville, mon premier regard se porte sur les réalisations du génie humain. Avec le psaume, je reconnais que «l’homme sort pour son ouvrage, pour son travail jusqu’au soir» (verset 23). Les édifices, les routes et leurs échangeurs, les monuments, les usines, tout me parle de l’action des humains. La ville me rappelle que les hommes et les femmes sont une image de Dieu, «sa ressemblance» (Genèse 1, 26). Ils sont les ouvriers et les artisans dans le grand chantier de Dieu. Ses adjoints, ses compagnons et ses compagnes de travail.
La ville et la campagne, chacune à sa façon, évoquent la présence de Dieu. Et que tout ce qui existe est don de sa générosité. «Tous, ils comptent sur toi pour recevoir leur nourriture au temps voulu. Tu donnes : eux, ils ramassent; tu ouvres la main : ils sont comblés.» (Psaume 103, 27-28) Villes et campagnes, ne cessez pas de nous parler de Dieu!