Ces jours-ci, j’ai reçu à mon bureau un couple de jeunes parents avec leur bébé de huit mois. Un enfant dans mon bureau de professeur «gratteux-de-virgules», c’est un vent de fraîcheur! Et même un appel à l’authenticité et à la transparence.
L’appel prit rapidement l’allure de la contestation. L’enfant se mit à pleurer, à crier, à hurler. Alexandre n’avait pas besoin de casseroles pour faire entendre son tintamarre. Son appareil vocal et ses poumons réussissaient à remplir les corridors habituellement tranquilles de l’Institut de pastorale.
Les parents étaient au désespoir. Leur petit n’avait que huit mois mais ils auraient souhaité une conduite plus sage. Les regards qu’ils m’adressaient ressemblaient à de la honte. Que faire pour calmer cette trompette tonitruante?
Personnellement, j’étais ravi. La scène me parlait abondamment. D’abord, un enfant ne doit pas vieillir prématurément. Et même vieillir tout court! Les pas, dans la vie, on les fait l’un après l’autre. Au pas de course, on finit toujours par revenir en arrière.
Ensuite, Alexandre donnait une leçon importante aux grandes personnes que nous sommes : il rappelait l’importance de s’exprimer, surtout quand il s’agit de peines, de douleurs, de malaises. L’enfant le faisait spontanément sans tenir compte des codes de bonne conduite. Le garçon avait encore l’âge où on n’accumule pas ses frustrations.
Enfin, j’avais de l’admiration pour les parents. Ils se sentaient concernés par la conduite de leur fils. J’avais l’impression que les cris du bébé étaient les leurs, avec en plus la perception des mauvais effets de la tempête. En un mot, ils se reconnaissaient responsables. Des vrais parents!
J’ai hâte de vivre notre prochaine rencontre. Que vais-je apprendre cette fois-là?