De passage à Jérusalem, des Grecs demandèrent à Philippe: « Nous voudrions voir Jésus» (Jean 12, 21). Peut-être ont-ils entendu parler de ce personnage haut en couleur et la curiosité les a gagnés. Peut-être cherchent-ils un gourou qui pourrait les guérir de leurs maladies et régler leurs problèmes. Peut-être veulent-ils rencontrer celui qu’un certain nombre de Juifs considèrent comme le Messie, le Sauveur du monde.
Les Grecs ne sont pas les seuls à vouloir rencontrer Jésus. Jésus attire les foules. Et parmi ces gens, la plupart sont les descendants de cette longue lignée d’hommes et de femmes qui espèrent de tout leur coeur le sauveur que Dieu a promis.
On le voit grand, ce sauveur, grand et puissant. On le voit plus fort que tous les héros qui parcourent l’histoire. On attend de lui la justice, la liberté, le bonheur.
Mais celui que les Grecs vont rencontrer vit un grand paradoxe. L’heure est venue pour lui de connaître la gloire. C’est l’heure d’être glorifié par Dieu. Mais Jésus comprend que cette glorification ne sera possible que s’il accepte de donner sa vie et de mourir. Comme les grains de blé doivent mourir pour donner beaucoup de fruit.
Il est donc normal que Jésus soit bouleversé. Qu’il vive un combat intérieur très difficile à livrer au point d’être tenté d’abandonner sa mission: « Père, délivre-moi de cette heure» (12, 27).
Qui veut voir Jésus et le suivre, qui veut devenir son disciple, doit accepter de partager son combat. Il doit accepter que le Messie de Dieu soit fragile, qu’il lutte pour sa survie en même temps qu’il se place entre les mains de Dieu, qu’il s’en remet totalement à son Père. Le disciple doit accepter de donner sa propre vie comme Jésus. « Celui qui se détache de sa vie en ce monde la garde pour la vie éternelle.» (12, 25)
Dans quelques jours, nous vivrons la Grande Semaine Sainte où nous ferons mémoire de la mort du Seigneur. Une question, radicale, se posera alors: est-ce que, moi aussi, je veux voir Jésus?