C’est la semaine inter-culturelle à l’Université de Montréal. On souligne la présence d’étudiants et de professeurs venus de tous les continents et de tous les pays de la planète. Tout ce beau monde vient goûter à la culture québécoise. Et ils nous donnent la chance de partager leurs propres richesses culturelles.
Le quartier où se trouve l’Université fourmille de gens différents les uns des autres dans leurs mentalités et leurs valeurs. On y parle plus d’une centaine de langues différentes sans compter les divers dialectes que les ancêtres ont légué à leurs descendants et que ceux-ci transportent dans leurs bagages culturels
Cette semaine nous invite donc à la fête des nations et, si possible, à la fête des nations unies. Une fête sans frontière. Une fête qui nous ouvre à la diversité et, du même coup, à l’accueil les uns des autres, au delà des préjugés et des peurs.
Le croyant que je suis laisse émerger à sa mémoire une parole du Christ: « Allez, de toutes les nations, faites des disciples.» (Matthieu 28, 19) Avant tout, cet appel m’invite à reconnaître que le message du Christ ne s’adresse pas exclusivement à un seul peuple. Au contraire, l’Évangile peut se traduire dans toutes les langues et dans toutes les cultures.
Déjà, la veille de sa mort, Jésus donnait une dimension universelle au don de sa vie. Au cours d’un repas, il tendit une coupe de vin à une poignée de camarades qui le suivaient depuis quelques temps. Et il leur dit: « Buvez-en tous car ceci est mon sang, le sang de l’alliance versé pour la multitude.» (Matthieu 26, 28)
La multitude! Vaste foule qui d’un siècle à l’autre est en quête de sens. De génération en génération, d’une culture à l’autre, elle cherche. L’événement de la mort et de la résurrection du Christ lui est proposé comme la lumière qui jaillit au sommet de l’histoire humaine. L’espérance que suscite cet événement peut prendre la couleur de toutes les nations qui vivent sous le soleil.
La fraternité que le Christ annonce veut rapprocher les nations et abolir les frontières. Elle veut faire l’unité de tous les hommes et de toutes les femmes, de toutes les générations. Comme le rappelle saint Paul, qu’il n’y ait plus ni juif ni païen, ni esclave, ni homme libre et même qu’il n’y ait plus l’homme et la femme, car tous nous ne faisons plus qu’un dans le Christ Jésus (Cf. Galates 3, 28-29).
Unité dans le Christ, mais non pas uniformité. Comme au temps de la tour de Babel (Cf. Genèse 11, 1-9), les humains sont souvent tentés de fusionner. Ils cherchent à imposer leurs cultures personnelles, leurs mentalités, leurs habitudes. Ils résistent devant ce qui leur est étranger. Ils ont peur ou ils cèdent au mépris.
À Babel, Dieu a inventé la diversité. Car un seul être humain ne peut contenir toute la richesse de l’humanité. Une seule race et une seule culture ne peuvent à elles seules tout dire de ce qui habite les personnes humaines. Il faut plus qu’une race pour libérer le potentiel de l’être humain. Il faut plus qu’une langue pour dire l’être humain. Et dire Dieu aussi. Il n’existe pas de grammaire et de vocabulaire assez vaste pour tout dire. C’est dans la diversité des peuples que l’être humain peut être l’image et la ressemblance de Dieu.
Les déplacements de Jésus, la géographie de son action missionnaire, nous rappellent que la Bonne Nouvelle est annoncée à tous les peuples, pour toute l’humanité. Le centurion romain a droit à cette Bonne Nouvelle, de même que la cananéenne qui ne demande pas plus que les miettes du salut offert au Peuple de Dieu. Jésus n’hésite pas à offrir le don de Dieu à la samaritaine au puits de Jacob. Le soldat romain reconnaît le Fils de Dieu dans l’homme mort sur une croix.
Jésus n’a pas limité sa prédication à la Judée. Il a sillonné les routes de la Galilée, cette province qu’on avait l’habitude d’appeler « la Galilée des nations» parce qu’elle fourmillait d’étrangers venus de partout.
Nous sommes donc invités à participer à un immense projet: construire l’unité de l’humanité dans la diversité.