L’automne! Nous voilà à la mi-octobre. La nature porte encore ses plus luxueux habits. Les vents violents et les grosses pluies n’ont pas encore fait leurs ravages dans les paysages. Nous humons les dernières odeurs de la terre avant qu’elle se cache sous la neige.
Tout est encore agréable. Pour quelques jours seulement. Car les nuages se font plus inquiétants. Les journées se recroquevillent sur elles-mêmes. Le soleil prend un coup de vieux. Il va au lit plus tôt, en sort plus tard. Il passe ses journées blême et hésitant comme un souffreteux. Nous regrettons alors les belles heures de l’été. Nous craignons déjà le temps sombre de l’hiver.
Peut-être parce qu’elle se fait plus rare, plus souvent absente, la lumière nous rappelle qu’elle tient beaucoup de place dans notre vie. Le soleil nous réjouit parce qu’il attire notre attention sur tout ce qui nous entoure : les fleurs, les animaux, les choses auxquelles nous sommes particulièrement attachés, et surtout – surtout! – il nous montre les personnes, les êtres qui nous sont chers. Que de visages nous manqueraient sans la lumière pour nous les présenter. Et vice versa : la lumière a besoin des choses et des êtres pour se faire reconnaître. Elle éclaire et n’existe qu’en éclairant. Il y a donc un mariage entre la lumière et les êtres : ils se font vivre mutuellement.
Est-ce pour tout ce que signifie la lumière qu’elle est associée à l’expérience spirituelle? La première page de la Bible commence avec la création de la lumière. Elle est là au tout début. Elle existe avant tout le reste. Le quatrième évangile le dit explicitement : «Au commencement était le Verbe… Le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme.» (Jean 1, 1.9)
Et comme «le Verbe était Dieu» (1, 1), Dieu se laisse deviner quand nous le comparons à la lumière. Intouchable, insaisissable comme elle. Apercevable seulement dans l’œuvre de la création. Reconnaissable dans les personnes, à son image et à sa ressemblance, quand il illumine tout homme, toute femme.
Dieu se laisse reconnaître dans la personne de Jésus. Et Jésus se laisse approcher dans les êtres humains, plus spécialement les petits et les démunis : «Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Matthieu 25, 40). Les relations que nous entretenons avec les autres, nous les entretenons en fait avec le Christ, et finalement avec Dieu lui-même.
En ces jours où la lumière doucement nous échappe, un psaume nous rassure :
Le Seigneur est ma lumière et mon salut,
de qui aurais-je peur? (Psaume 27 (26), 1)