Le titre invite déjà à une réflexion active: que veut-il dire? Si on part de la formule courante «Je lui donnerais le bon Dieu sans confession», on pourrait comprendre que ce livre propose une affirmation positive et sans questionnement. Il n’en est rien. Au contraire, toutes les options possibles sont présentées avec précision et rigueur.
S’agit-il alors d’une affirmation implicite que, dans l’école soumise à ECR, il n’y a plus de confessions religieuses? Il faudrait nuancer et tenir compte des points de vue adoptés par les différents collaboratrices et collaborateurs. Des religions y sont effectivement étudiées mais dans une perspective de culture religieuse et non pas dans un propos de propagande ou de conversion. Au grand dam des uns, pour la satisfaction des autres.
Les auteurs
Voici donc les intervenants dans l’ordre des chapitres; les présenter donnera du coup une bonne idée du contenu du livre.
Sylvain Fournier est président de l’Association québécoise des professeurs en éthique et culture religieuse et il est impliqué dans la prestation depuis les débuts.
Paul Donovan est directeur de l’école secondaire Loyola, qui a contesté avec succès devant la Cour supérieure l’interdiction du droit de donner le programme ECR d’un point de vue catholique. La cause sera portée en Cour suprême.
Alain Gignac intervient à un triple titre: parent de trois enfants inscrits au programme, conseiller à la préparation des manuels et professeur de théologie.
Suzanne Lavallée a contesté avec son mari la pratique qui interdit dans les faits d’exempter du cours de ECR. La Cour supérieure ne s’est pas rendue à ses arguments, mais la Cour suprême entendra son appel.
Élisabeth Garant, directrice du Centre justice et foi, se fait la porte-parole de la tradition initiée par Julien Harvey.
Enfin Louis O’Neil, ancien ministre des Affaires culturelles et professeur de théologie, termine le convoi.
Oui ou non, avec des mais…
De façon plus ou moins tranchée, sans virulence mais avec fermeté, à peu près tous ces intervenants accompagnent leur évaluation d’un «mais» qui ne semble pas être que le fruit de la rhétorique. La question soulevée et les enjeux dont elle s’accompagne ne se prêtent pas en effet à une interprétation simpliste. Pour plusieurs aussi, en plus des options de principe, une charge émotive importante intervient. De la nostalgie à la colère, de la fidélité à l’accueil inconditionnel, toute la gamme des émotions pourrait être évoquée.
L’intérêt de cet ouvrage modeste est d’offrir une bonne synthèse de la situation en rappelant les discussions en dehors de l’école et les démarches conduites auprès des élèves. Le livre ne ferme pas la discussion, ni ne tranche le débat. Son ton permet toutefois d’écouter et de réfléchir calmement. Même les protagonistes les plus affichés ont consenti à prendre la distance à laquelle l’écriture invite.
Je renonce à vous suggérer mon option pour ne pas gâcher votre lecture. Si vous avez déjà une opinion: acceptez de la revisiter. Si vous n’en avez pas: essayez d’en formuler une à la fin de cette lecture. De toute façon, vous sortirez grandi de cette lecture en compagnie d’auteurs agréables et finalement courtois, dans le contexte.
Jean-Claude Breton
Paru dans : PRÉSENCE MAGAZINE septembre 2011, no 156