Au temps des évangiles, quand les Juifs parlent de la Loi, ils pensent à une collection de 613 préceptes: 365 préceptes négatifs, comme il y a 365 jours dans l’année, et 248 préceptes positifs qui correspondent aux 248 parties du corps dans le traité d’anatomie de l’époque. C’est beaucoup de lois!
Pour certains juifs, ces lois sont toutes d’égale valeur. Il faut obéir à toutes avec la même intensité. D’autres juifs considèrent qu’on doit mettre une hiérarchie entre ces 613 commandements. Il y a des lois plus importantes que d’autres. Les deux théories suscitent bien des discussions, souvent acerbes.
On pose la question à Jésus: quel est le plus grand commandement? Jésus répond en citant la prière du matin des juifs: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit».
On a demandé le plus grand commandement. Jésus en ajoute un second: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même». Et il ajoute que ce second commandement est «semblable» au premier. «Semblable»: à la rigueur, on pourrait prendre l’un pour l’autre comme on peut se tromper devant des jumeaux.
Dans le cas présent, est-ce que ce serait une erreur de prendre l’amour de Dieu pour l’amour du prochain, ou de prendre l’amour du prochain pour l’amour de Dieu? Pas sûr que ce soit une erreur!
Si vous aimez Jésus, qui aimez-vous: Dieu ou le prochain? Aimez-vous le Fils de Dieu ou l’enfant de Marie? Et si c’était les deux qu’il fallait aimer en même temps? Vénérer, adorer Dieu en s’attachant à l’homme? Aimer l’homme en le vénérant comme Dieu?
Trouver Dieu en cherchant les autres. Trouver les autres en cherchant Dieu. Les deux sont inséparables depuis l’Alliance de Dieu et de l’humanité dans la personne du Christ. Nous célébrons la liturgie pour honorer Dieu mais elle n’est authentique que dans la mesure où elle devient charité envers les autres, amour du prochain. La prière chrétienne débouche sur l’attention envers les autres. Aimer les autres, c’est rendre grâce à Dieu. Nos amitiés constituent des petites églises où Dieu est présent. Ce n’est pas pour rien que le mariage est un sacrement: le couple est une présence réelle du Christ et de l’Église.
Depuis que le Fils de Dieu est devenu l’un des nôtres, la distance s’estompe entre Dieu et l’humanité. Nous pouvons vivre avec Dieu et les autres dans une même relation.