Le camelot a eu la gentillesse de nous apporter le journal, ce matin encore comme tous les matins. Avant de me mettre au travail, je jette un coup d’œil. Je lis les titres, m’arrête à un article ou l’autre, prends connaissance du contenu de la page éditoriale, lis quelques paragraphes de ma chronique préférée. Et je laisse le précieux document pour aller travailler. J’y reviendrai plus tard, en début de soirée.
Au lever, au moment de faire ma toilette, j’ai syntonisé la radio pour apprendre ce qui s’est passé sur la terre pendant que je dormais du sommeil du juste. Ça bouge partout sur la bonne vieille planète. Et ça va dans tous les sens. Premier contact avec ce monde, un survol avant d’aller plus en profondeur grâce au journal en papier.
Au cours de la journée, j’irai fureter du côté de l’Internet. Qu’y dit-on sur ce qui se passe sur la planète? Je retrouve quelques nouvelles que mon journal m’avait déjà annoncées et que j’avais déjà entendues aux informations de la radio. Il y a du neuf aussi, du neuf qui vient de se produire à l’autre bout de la planète. C’est arrivé il y a à peine une heure et je le sais déjà. Merveilleux!
Et le téléphone qui sonne : des collègues qui appellent à propos du travail, des amis qui m’annoncent de bonnes et de moins bonnes nouvelles, un proche qui m’informe de son mauvais état de santé. Des kilomètres nous séparent, des villes, des pays même, et nous nous parlons comme si nous partagions la même pièce. Je ne suis pas encore passé au cellulaire, mais mon interlocuteur si. Il me parle en se déplaçant d’un coin de rue à l’autre.
Grâce aux médias, la planète bavarde d’un soleil à l’autre. Dans toutes les langues, on partage une histoire qui se construit à même la parole. De grands personnages communiquent de grandes idées. Des gens plus humbles échangent des propos plus discrets. Tout ce beau monde exerce son influence à sa mesure.
Et j’ai l’insigne honneur de participer à la conversation planétaire. Non seulement j’apprends ce qui se passe ailleurs, mais j’apporte ma contribution à l’édification de la cité, du pays, et même de la terre, de l’univers. Une modeste contribution, mais une contribution tout de même.
Dieu se faufile dans la conversation. La Bible me le décrit comme quelqu’un qui parle. Il parle tellement d’après elle que j’ai l’impression que c’est un bavard! Mais quel bavardage! Il construit avec nous le discours de l’humanité. Il participe à l’édification de l’histoire humaine. Comme le semeur de la parabole, il lance sa parole dans les jardins de toute condition, les terres riches comme les terrains caillouteux, les grands champs comme les bords de route. Et ça pousse, mêlé à nos propres semences. Ensemble, Dieu et nous, nous jardinons le monde. Nous réalisons une symphonie qui parcourt les siècles depuis la naissance de l’humanité.
C’est dire l’importance des médias : Dieu y prend la parole. C’était déjà grandiose que des humains s’en servent. Mais que dire quand nous y retrouvons Dieu lui-même. Les moyens de communication deviennent pour nous un lieu de rencontre de Dieu, même les médias qui prennent leur distance par rapport à Dieu. Un théologien éminent affirmait un jour : «Quand j’ouvre le journal, je commence à prier. Dieu me parle à travers les événements du monde, et je lui réponds.»