La semaine de Pâques se termine en compagnie de Thomas. Comme il est bon de le voir au sommet de l’année liturgique. Il illustre bien cette part de nous-mêmes qui ne veut pas croire les yeux fermés. Il est le patron de tous ceux et celles qui doutent et qui sont devenus croyants parce qu’ils doutent.
Thomas a fréquenté Jésus tout au long de son ministère. Il a découvert en lui le messie tant attendu par son peuple. Il n’a pas manqué de motifs de le suivre les yeux fermés. Mais il a voulu croire les yeux grand ouverts. Il a choisi une foi exigeante, qui ne se réduit pas à des sentiments. Il a voulu qu’il y ait de l’intelligence dans sa foi. Il a voulu que la raison fasse partie de sa foi. Ainsi, il nous rappelle qu’il n’existe pas de vraie foi chrétienne sans questionnement, sans quête, sans recherche même jusque dans la nuit obscure.
Cela ne veut pas dire cependant que la foi est une recherche scientifique et que le croyant parvient à des preuves irréfutables de l’existence de Dieu ou de la résurrection du Christ. Le récit de la rencontre de Thomas avec le Ressuscité ne dit pas que il a touché les cicatrices de Jésus. Il révèle plutôt que c’est lui, Thomas, qui as été touché par l’appel du Seigneur à cessé d’être incrédule, à choisir de croire.
Thomas a dit alors: « Mon Seigneur et mon Dieu.» Une profession de foi des plus explicites. Elle arrive à la fin du quatrième évangile, après une longue fréquentation du Maître. La foi survient rarement comme un coup de foudre. Le plus souvent, elle naît et germe lentement. Par avancées et reculs. Par beau temps et temps maussades. De nuit comme de jour. Dans le combat comme dans la paix confiante. La foi se développe dans tous les paysages qui se succèdent au cours de notre existence.
Thomas a dit: « Mon Seigneur et mon Dieu.» L’adjectif possessif est à la première personne du singulier. Autrement dit, il a exprimé une foi bien personnelle. Il ne s’est pas fondu dans la foule. Il a pris en charge sa foi.
Mais j’espère qu’il rejoint les autres croyants et croyantes. La foi chrétienne se nourrit de l’expérience spirituelle les uns des autres. La première génération des disciples du Ressuscité n’a pas hésité à greffer sa foi sur l’enseignement des apôtres, à vivre dans le partage et des biens et de la foi. Les premiers chrétiens ont voulu vivre ensemble, partager le pain et la prière les uns avec les autres, faire de leur foi une communion.
On insiste pour dire que le nom de Thomas signifie « le jumeau». Les évangiles ne nous présentent pas le frère de Thomas, son jumeau. Qui est-il ce jumeau? Le lecteur – celui qui doute, celui qui cherche, celui qui consent à croire sans voir – peut se reconnaître dans cet inconnu qui ressemble à son frère. Nous sommes peut-être les jumeaux de Thomas, ou appelés à le devenir.