Une image m’envahit depuis quelques jours. Je la dois au Télé-journal de Radio-Canada.
Dans un reportage sur les suites de la catastrophe de Tchernobyl, la caméra s’arrête sur un tout petit bébé de quelques jours qui respire péniblement. Son cœur s’est mal formé à cause de radiations nucléaires qui continuent leurs dégâts après tant d’années. L’enfant survit grâce à un respirateur artificiel. Et dans une constante lutte au-dessus de ses forces.
C’est toujours triste la souffrance humaine. Personne ne la mérite, même pas les plus grands criminels, même pas les plus féroces tortionnaires. Souffrir fait partie de la liste des plus grandes tragédies humaines.
Notre corps est appelé à la santé, au bien-être. Notre esprit s’oriente progressivement vers l’harmonie. Notre cœur cherche la paix. Quand la souffrance s’insinue, elle surgit comme une injustice. Souvent, on peut l’expliquer. La médecine est la science qui explique l’origine de beaucoup de souffrances. Elle se développe en luttant contre toute douleur, en cherchant à contrôler la maladie. La psychologie étudie le mécanisme de l’esprit humain. Elle parvient souvent à atténuer la souffrance psychologique.
On a cru longtemps que les sciences humaines arriveraient à éliminer les maladies et à réussir toutes les guérisons possibles. Sauf pour quelques irréductibles, les médecins et les psychologues ne croient plus au paradis sur terre. Tout au plus, ils espèrent reculer les frontières de la douleur et de la mort.
Le spectacle de la souffrance est pénible, toujours pénible. Il l’est particulièrement quand nous nous trouvons devant un enfant malade. L’adulte peut compter sur son expérience personnelle pour affronter le mal. Il peut développer une sagesse qui lui permet de relativiser ce qu’il vit. Mais un enfant… C’est sans défense, un enfant. C’est fragile à tout point de vue.
Devant la souffrance, l’incroyant justifie son refus de Dieu. Le croyant, lui, appelle à l’aide. Il croit que rien n’est impossible à Dieu. Mais le Tout-Puissant répond dans la faiblesse : il se présente sous les traits d’un homme qui traverse la vie sans la maîtriser, un homme qui meurt comme tous les autres. Peut-être que c’est jusque-là que va l’impossible de Dieu.