Des statistiques récentes affirment que les québécois amoureux ne se marient plus ou, plus précisément, de moins en moins. Nous l’avions remarqué bien avant que les chiffres tentent de nous le révéler. Nos enfants, nos neveux, nos nièces ne se présentent plus à l’église pour reconnaître un sens chrétien à leur union et demander une bénédiction. Et le nombre des mariages civils dégringole.
Le désintérêt des jeunes couples pour nos institutions religieuses ou civiles ne signifie pas pour autant un désintérêt pour le vivre ensemble, pour le bonheur à deux. On choisit plutôt de devenir conjoints de fait. Au Québec, il paraît que 35% des mariages sont des unions de fait, 20% dans l’ensemble du Canada.
Il y a quelques années, on aurait été scandalisé devant ce qu’on appelait alors du «concubinage», en accolant au terme tout le mépris possible. On croyait que les couples ainsi constitués choisissaient une union facile. Une union sans exigence, sans responsabilité, qu’on pouvait saboter dès la première chicane!
Les temps ont changé. Nous n’osons plus parler ainsi. Pas seulement par respect pour ceux et celles qui vivent ainsi ensemble. Pas seulement parce qu’il y en a de plus en plus et qu’il faut s’y faire. Mais aussi et surtout parce que plusieurs conjoints de fait témoignent de leur réussite. Ils connaissent l’harmonie comme d’autres couples. Ils traversent les obstacles comme d’autres. Ils développent des complicités qui solidifient leur couple. Et ils ont des exigences comme les autres.
Il y a, bien sûr, des échecs dans les unions de fait comme il y en a dans les mariages institutionnels, religieux ou civils. Il n’existe pas de garanties absolues de succès quand il s’agit de la vie et du bonheur. On peut tout au plus mettre la chance de son côté en s’appuyant sur des bases solides, un roc auquel on s’agrippe aux jours de bonheur comme aux jours difficiles.
Parmi les bases solides, notons en priorité : le respect. Le respect de soi, le respect de l’autre, le respect de ce que chacun devient dans son individualité comme dans son rapport aux autres et dans son vivre en société. On ne vit pas ensemble sans se reconnaître mutuellement le droit au bonheur, à la reconnaissance, le droit d’aimer et d’être aimé.
Comme les autres formes de mariage, les unions de fait exigent le respect du projet qu’on bâtit ensemble. Le mariage institutionnel – religieux ou civil – trace un idéal vers lequel tendent les gens mariés. Cet idéal est défini par la société comme il est tracé par la tradition religieuse. L’idéal propose des valeurs vers lesquelles les couples aspirent.
Il doit en être ainsi dans les unions de fait. Comme dans les mariages institutionnels, les conjoints de fait sèment en eux un idéal de l’amour. Ils entretiennent ce qu’ils sèment dans leur jardin conjugal. Ils sont plus que deux individus côte à côte. Ils deviennent un «nous». Une part d’eux-mêmes ne se définit qu’en tenant compte de l’autre, en l’impliquant dans son propre devenir. Bref, ils se mettent au monde mutuellement, ils créent ensemble un bonheur commun.
Que de couples suscitent mon admiration, des couples qui se sont mariés à l’église comme d’autres qui ont choisi le mariage civil. Mais aussi des couples en union de fait. Là aussi, on peut donner sa vie à quelqu’un d’autre et recevoir la sienne. Dans une alliance que l’on veut épanouissante et pleine d’avenir.