En 1415, meurt sur le bûcher Jan Hus, prêtre catholique condamné comme hérétique au terme d’un long bras de fer avec l’autorité de l’Église de son pays et plus tard avec le Saint-Siège.
Hus était né en 1369 dans le village de Husinec, dans le sud-ouest de la Bohême. Ordonné prêtre en 1400 et devenu bachelier en théologie en 1404, il ressentit avec force la nécessité de réformer les mœurs du clergé de son temps, et il s’employa par sa vibrante prédication à transformer une situation que le grand schisme d’Occident qui perdurait rendait toujours plus pénible.
Hus ancrait profondément dans la Bible sa spiritualité; s’il aiguisait ses critiques à l’égard de la hiérarchie, il les appuyait sur un infatigable travail d’instruction spirituelle à l’adresse des gens simples auxquels il apprenait à trouver un rapport authentique avec le Seigneur dans la lecture personnelle et directe des Écritures. La plus lourde accusation qu’il adressait aux clercs était précisément d’obscurcir aux yeux des fidèles l’image simple et vitale de ce Jésus humble, pauvre, souffrant et miséricordieux dont parlent les Évangiles.
Dans son aspiration à la Réforme, Jan Hus s’approcha beaucoup des positions théologiques de Wycliff, condamnées trente ans plus tôt en Angleterre, ce qui précipita sa situation, jusqu’à le mener à l’excommunication la plus grave de la part du Saint-Siège en 1412 et à la condamnation à mort en 1415, un an après le début du concile de Constance, où une ultime tentative désespérée d’expliquer ses positions n’avait pas abouti.
Hus est considéré comme un précurseur des mouvements de réforme qui menèrent, un siècle plus tard, à la Réforme protestante.
En 1997, à l’occasion de son voyage à Prague, le pape Jean-Paul II a réhabilité Jan Hus, en demandant pardon pour les fautes de l’Église catholique à son égard.
Pendant qu’on procédait à la lecture de la sentence, il l’écoutait à genoux et en prière, les yeux levés au ciel. Et quand on émit le jugement sur divers points particuliers. Maître Jan Hus s’agenouilla de nouveau et pria à voix haute pour tous ses ennemis, disant : « Seigneur Jésus Christ, je t’implore, pardonne à tous mes ennemis pour l’amour de ton Nom. Tu le sais, toi, qu’ils m’ont accusé faussement, qu’ils ont produit de faux témoignages, qu’ils ont orchestré de faux chefs d’accusation contre moi. Par ta miséricorde infinie, pardonne-leur. »
Quand les bourreaux allumèrent le bûcher, le maître se mit à chanter à pleins poumons, tout d’abord : « Christ, Fils du Dieu vivant, aie pitié de nous ! » Mais comme il se mit à chanter une autre hymne, la flamme soulevée par le vent l’atteignit en plein visage. C’est ainsi qu’en une prière tout intime, remuant à peine les lèvres, il expira dans le Seigneur. (D’après le récit sur Maître Jan Hus.)
Jan Hus est une figure mémorable pour bien des raisons. Mais c’est surtout son courage moral face à l’adversité et à la mort qui en a fait un personnage d’une importance toute spéciale. Aujourd’hui, à la veille du Grand Jubilé, j’éprouve le devoir d’exprimer un profond regret pour la mort cruelle infligée à Jan Hus et pour la blessure qui s’ensuivit, source de conflits et de divisions, qui fut, de ce fait, ouverte dans les esprits et dans les cœurs du peuple de Bohême. (Jean-Paul 11, audience du 17 décembre 1999)