Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 14, 23)
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Si quelqu’un m’aime,
il gardera ma parole ;
mon Père l’aimera,
nous viendrons vers lui
et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m’aime pas
ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi :
elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi,
tant que je demeure avec vous ;
mais le Défenseur,
l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout,
et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
Je vous laisse la paix,
je vous donne ma paix ;
ce n’est pas à la manière du monde
que je vous la donne.
Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
Vous avez entendu ce que je vous ai dit :
Je m’en vais,
et je reviens vers vous.
Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie
puisque je pars vers le Père,
car le Père est plus grand que moi.
Je vous ai dit ces choses maintenant,
avant qu’elles n’arrivent ;
ainsi, lorsqu’elles arriveront,
vous croirez. »
COMMENTAIRE
« Ma paix, je vous la donne »
À mesure que nous nous éloignons de la fête de Pâques, la liturgie fixe de plus en plus notre attention sur notre sort à nous, les croyants. D’abord nous avons contemplé le mystère du Ressuscité lui-même. Sa victoire sur le mal et sur la mort. C’était la joie de Pâques avec tous les alléluias possibles! Déjà ce jour-là pourtant nous avions compris que, par le baptême, nous étions associés organiquement au Vivant de Pâques, le Christ Sauveur, pour l’engagement de nos vies à sa suite et pour un passage à vivre nous aussi, une participation à sa victoire sur le mal et sur la mort dans nos existences présentes.
La fête de l’Ascension prochaine, même si elle va souligner le triomphe définitif du Christ élevé à la droite du Père, suggère le temps de son absence. Il va nous laisser apparemment seuls pour relever le défi de la foi dans un monde où ce n’est pas toujours facile de vivre l’Évangile et notre condition de baptisés au nom du Christ Jésus.
Or, aujourd’hui, en ce 6e dimanche de Pâques, le Seigneur anticipe avec nous la suite; il nous donne des consignes pour tenir dans cette marche où nous sommes engagés; il a des paroles pour nous qui sommes en pleine traversée, affrontant les tempêtes et les chemins difficiles de nos vies et le risque de faiblir et de nous perdre.
Le Seigneur nous redit qui nous sommes, nous qui avons cru en lui et qui avons vocation et mission de témoigner de lui. Il nous confirme dans notre identité spirituelle, pour que nous ne perdions jamais de vue ni de pensée quelle merveille nous sommes en Église, en cette communauté sainte, son épouse bien-aimée. Il nous rappelle combien précieux nous sommes à ses yeux et jusqu’à quel point il nous aime et veille sur nous.
Il nous rappelle que nous disposons de puissantes ressources. Comme une bonne maman qui, lors de la première sortie de son enfant pour une excursion ou un voyage avec des amis, s’occupe de lui fournir en surabondance tout ce qu’il lui faut pour cette activité, le Seigneur nous a donné de quoi nous nourrir, nous restaurer, nous orienter, nous rassembler, pour tenir notre place, pour avancer sains et saufs jusqu’à lui.
Rappelez-vous, nous dit-il, au printemps de l’Église quand mes apôtres étaient encore à Jérusalem, et qu’il y a eu cette dispute au sujet de ce qui devait être demandé aux païens convertis. Comment vous vous en êtes sortis en appel à l’Esprit Saint que je vous ai promis. Vous l’avez prié. Vous l’avez écouté. Vous avez trouvé avec lui la voie juste pour que tout le monde puisse vivre et avoir sa place dans mon Église.
Rappelez-vous le temps des persécutions et des martyrs. Comment j’ai revêtu de force mes témoins. Eux qui ont professé la foi et l’espérance chrétienne devant les tyrans. Ma victoire s’est rendue visible aux yeux de tous par leur témoignage fort et courageux à l’extrême.
Rappelez-vous comment votre amour fraternel – cet amour qui est aussi le mien – fait des merveilles de pardon, de réconciliation et de paix entre vous. Quand vous faites la vérité, en vous parlant, en marchant ensemble, en ouvrant votre cœur pour écouter l’autre.
Rappelez-vous les sacrements. Comment par eux je me laisse apprivoiser, pour votre bien-être spirituel, votre guérison, aussi bien personnelle que communautaire. Vraiment vous n’avez pas à craindre. Vous n’êtes pas à plaindre. Ne soyez pas bouleversés. Je suis toujours avec vous… C’est ma paix que je vous donne!