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Trésors des religions

Prière bouddhiste : Hymne à la perfection de la Sagesse

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Dans le Traité de la Grande Vertu de la Sagesse, commentaire sur les textes sapientiels généralement attribué à Nagarjuna (I-IIe siècle de notre ère), nous trouvons cet hymne qui chante la grandeur de cette vertu qui est au cœur de l’expérience bouddhiste.

Hommage à toi ô inconcevable, immense Prajnaparamita!
De Membres irréprochables, tu es contemplée par les Irréprochables.
Immaculée comme l’espace, exempte de discours et de désignation,
celui qui te voit en vérité, celui-là voit le Tathagata.
Entre toi, qui es riche en qualités saintes, et le Bouddha maître du monde,
les bons ne voient pas plus de différence qu’entre la lune et le clair de lune.
De tous les héros qui se sont consacrés au bien d’autrui,
tu es la nourricière, la génitrice et la tendre mère.
Puisque les Bouddhas, les compatissants maîtres du monde, sont tes fils à toi,
tu es donc, ô vertueuse, la grand-mère de tous les êtres.
Une, bien que multiforme, tu es partout invoquée sous des noms divers
par les Tathagata, en présence des êtres à convertir.
Comme des gouttes de rosée en contact avec l’éclat [de l’astre] aux rayons flamboyants, les fautes et les avis des théoriciens se dissolvent à ton contact.
Sous ton aspect terrifiant, tu engendres la crainte chez les sots;
sous ton aspect aimable, tu engendres la confiance chez les sages.
Si celui qui se presse contre toi n’est pas reconnu pour ton époux,
comment, ô Mère, éprouverait-il de l’amour ou de la haine pour un autre objet?
Tu ne viens de nulle part, et tu ne vas nulle part;
en aucun endroit que ce soit, tu n’es perçue par les sages.
Celui qui te voit est entravé, celui qui ne te voit pas est entravé lui aussi;
celui qui te voit est libéré, celui qu ne te voit pas est libéré lui aussi.
Oh! Tu es étonnante, tu es profonde et glorieuse; tu es très difficile à connaître :
comme une magie, tu es vue et tu n’es pas vue.
Tu es cultivée par les Bouddhas, les Pratyekabouddhas et les Sravakas.
Tu es l’unique chemin de salut; il n’y en a point d’autre : c’est certain.
Recourant au langage ordinaire pour se faire comprendre des [êtres] corporels,
les Maîtres du monde, par compassion, parlent de toi et n’en parlent pas.
Qui serait capable de te louer, toi qui es sans marque et sans caractère?
Tu dépasses tout le domaine de la parole, toi qui ne t’appuie nulle part.
Mais, puisqu’il existe un langage conventionnel, de t’avoir louée par ces voies orales,
toi qui surpasses toute louange, nous sommes satisfaits et bien rassurés.

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