« Lorsqu’on aime, le paradis est parfois sur terre »
Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! »
Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?… Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.
« Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. »
COMMENTAIRE
Les textes de ce 3e dimanche d’Avent de nouveau nous invitent à l’espérance. Ils nous interrogent : « Où en est ton espérance ? » Est-ce que tu désires vraiment que le Seigneur vienne chez toi ? Est-ce que tu prépares sa venue ? De quoi rêves-tu en ces temps assez difficiles ? D’une meilleure situation sociale, de plus de bien-être, de sécurité ? En ce temps d’Avent, prenons le temps d’écouter nos enfants : ils sont capables de réveiller en nous l’espérance.
Il y a quelques jours, dans une grande basilique dédiée à la Mère de Dieu, un enfant est venu frapper à la porte vitrée de l’espace d’accueil. Avec des yeux pétillants de joie et un grand sourire, il me dit ces mots tout simples : « Bonjour. Je voulais vous dire que j’aime Jésus et à la maison je prépare la crèche pour l’accueillir ! Est-ce que je pourrais faire ma première communion bientôt ? » Comme le dit le texte d’Isaïe, un grand bonheur illuminait ce petit visage plein de lumière. Si nous pouvions être comme cet enfant, tout simplement joyeux de savoir que Dieu vient chez nous et nous activer pour bien l’accueillir en décorant nos villes, nos maisons et surtout nos cœurs.
Il y a quelques années, j’ai vu un très beau film tourné au Cameroun où Sam, un enfant de Douala, abandonné par sa mère, se retrouve contraint à vivre dans la rue ; à un moment du film, il dit avec des mots tout simples son rêve de vivre : « Partir loin d’ici, loin de cet enfer, avoir une vie meilleure, devenir un grand footballeur, partir loin d’ici, monter dans l’avion et aller retrouver ma mère… » A son amie Linda, qu’il a rencontrée dans la rue où elle vend des beignets, il se confie : « Tu sais, il y a des moments dans la vie qui sont si sombres qu’on se demande si la vie vaut la peine d’être vécue. A ces moments-là, on pense et on rêve à la vie céleste des anges et du paradis. Et puis un jour le ciel s’éclaire, on rencontre une âme sœur, quelqu’un que l’on aime bien, à qui on se confie, à qui on s’attache… et on commence à comprendre que la vie n’est pas aussi moche que çà. On comprend surtout que lorsqu’on aime, le paradis est parfois sur terre. »
L’espérance, c’est ce qui s’infiltre dans nos êtres quand l’amour nous habite. Or, les chrétiens savent bien que l’Amour, c’est l’autre nom de Dieu (cf. 1Jn 4,7-9). Ces mots d’enfants bouleversants nous font comprendre d’où vient l’espérance : de la joie d’aimer et de compter sur la présence de quelqu’un de proche qui redonne courage et désir de vivre. N’est-ce pas cela le grand mystère de Noël ?
En effet, c’est d’abord là où les hommes, les femmes, et surtout les enfants, poussent des cris de détresse que Dieu, parce qu’il est Amour, a décidé de venir (cf. déjà en Ex 3,7-8). Parce que c’est là qu’il est attendu et espéré et que c’est là qu’il doit venir s’il veut vraiment sauver ! C’est l’espérance de ceux qui souffrent qui dérange Dieu dans son ciel et qui le fait venir naître dans notre chair pour être « Emmanuel » (Dieu avec nous) : « Prenez courage, crie Isaïe aux gens qui ont peur, ne craignez pas. Voici votre Dieu ; il vient lui-même et va vous sauver. » (1ère lecture).
D’ailleurs, c’est dans sa prison qui sent la mort que Jean Baptiste exprime son espérance : « Es-tu celui qui doit venir ? » Il n’y a pas de plus grande joie pour celui ou celle qui se trouve enfermé dans une grande détresse que de rencontrer quelqu’un qui lui permet d’entrouvrir la porte de l’espérance ! La Bonne Nouvelle chrétienne est d’abord pour tous ceux qui peinent. Car Noël, c’est la fête de la solidarité de Dieu qui vient naître dans la nuit de Bethléem où le sang des enfants innocents va couler par la folie d’un tyran. Isaïe a eu raison de prophétiser : « Un bonheur sans fin illuminera leur visage, douleur et plainte s’enfuiront. » Car Jésus vient pour proclamer aux messagers de Jean Baptiste et à tous les hommes : « La bonne nouvelle est annoncée aux pauvres ! » Et la bonne nouvelle se résume dans la première béatitude : « Bienheureux les pauvres, le Royaume des cieux est à eux ! » Alors, comme saint Paul nous y invite dans la 2e lecture, « soyons fermes car la venue du Seigneur est proche ».