Le génome humain, l’avortement, la recherche sur les cellules souches, le clonage, le don d’organes, l’acharnement thérapeutique, l’euthanasie et le suicide assisté: autant de questions brûlantes dans un univers où la science fait des bonds sensationnels. Les avancées sont particulièrement sensibles et délicates dans les sciences qui touchent la vie. La recherche en ce domaine fait face à de grands défis: aborder la vie pour en améliorer les conditions tout en refusant les manipulations indues. Le sous-titre de cet ouvrage dit clairement l’orientation de l’ensemble: l’auteur cherche avant tout des «repères d’humanité».
«À qui prétendrait qu’il est bien libre de décider ce que bon lui semble, peut-être faudrait-il répondre: “Vous ne pouvez pas faire n’importe quoi parce que vous n’êtes pas n’importe qui.” Autrement dit, avant de poser la question: “Quoi faire ou ne pas faire?” demandons-nous: “Qui sommes-nous? Que voulons-nous devenir?” Toute éthique est fondée sur une conception de l’être humain, un être sans cesse en devenir. C’est à même nos choix éthiques que nous progressons ou régressons en humanité, individuellement et collectivement (p. 123).
Pasteur, théologien et homme de science
Ancien évêque de Rimouski, Mgr Bertrand Blanchet détient un baccalauréat en biologie et un doctorat en sciences forestières, de l’Université Laval. Chez cet homme, le pasteur et le théologien font bon ménage avec l’homme de science. La réflexion est précise, claire et rigoureuse chez l’homme de science. Elle se fait écoute et attention chez le pasteur. Elle est en quête de sens chez le théologien. Le mariage des trois présente un dialogue empreint de tolérance sans pour autant céder sur les exigences éthiques. Chez Mgr Blanchet, le respect de la vie ne va pas sans le respect des personnes. Le discours est positif et nuancé.
«La vie ne cesse de nous étonner. Grâce à la recherche scientifique, elle nous révèle peu à peu ses propriétés, souvent fascinantes. Celles des cellules souches, qui étaient méconnues il y a quelques décennies seulement, suscitent maintenant de grands espoirs. Compte tenu des bienfaits thérapeutiques qu’elles ont déjà rendus possibles, peut-être saura-t-on un jour guérir certaines maladies graves qui affectent tant de gens. Pareilles avancées ne peuvent que nous réjouir.»
L’auteur poursuit en faisant remarquer que «cette joie de la découverte est aussi empreinte d’une certaine gravité. Chaque fois que des avenues nouvelles s’ouvrent devant nous, elles nous imposent de nouveaux choix éthiques. L’histoire nous enseigne en effet que toute forme de pouvoir exercé aveuglément aboutit à une forme ou à une autre de violence et de déshumanisation. Tel est aussi le cas du nouveau pouvoir sur la vie que nous donnent les cellules souches. Une réflexion éthique sur le sujet nous amène à conclure avec clarté que la santé des uns ne doit pas être recherchée au détriment de la santé et de la dignité des autres, que la vie des uns ne peut être promue au détriment de l’existence des autres, fussent-ils les plus petits de nos semblables. C’est là une exigence de civilisation, une requête de notre commune humanité» (p. 92).
Un éclairage de haut niveau
Dans cet ouvrage, l’évêque ne se limite pas à énoncer le permis et le défendu. Il appuie ses conclusions sur de solides repères scientifiques. Il ne parvient pas trop vite aux conclusions de la foi chrétienne. Avant tout, il tient un discours universel qui rejoint autant l’incroyant que le chrétien.
Que le sujet vous soit familier ou que vous en soyez à vos premiers pas dans le royaume à la fois immense et mystérieux de la bioéthique, Mgr Blanchet vous apporte un éclairage de haut niveau. Il tient un discours simple, à la portée de tous, un discours qui n’enlève cependant rien à la rigueur scientifique.