Voici une célébration de tous les aspects – cosmiques, atmosphériques, psychologiques, corporels et même métaphysiques – du prâna (sans doute d’une racine an-, «respirer»). Selon un usage fréquent dans le Veda, une notion ou une réalité humaine sont divinisées, et il est licite de s’adresser directement à elles comme à des entités personnalisées, et même de les prier. Le propos est de montrer que, d’une part, rien ne vit sans le souffle et que, d’autre part, grâce à prâna, un parallèle se manifeste entre l’univers et le corps humain. Ce texte est moins une prière de demande qu’un hommage. À proprement parler, on ne requiert rien de particulier du Souffle, on le célèbre.
Hommage au Souffle! Sous son contrôle est cet univers.
Il est le maître de toutes choses.
Tout a en lui ses assises.
Hommage, ô Souffle, à ta clameur,
hommage à ton tonnerre!
Hommage, ô Souffle, à ton éclair,
hommage à toi, Souffle, quand [il pleut]!
Quand le Souffle avec son tonnerre
traverse les plantes en rugissant,
celles-ci sont fécondées, reçoivent les germes de vie,
et renaissent en grand nombre.
Quand la saison venue, le Souffle
traverse les plantes en rugissant,
alors se réjouissent toutes les choses
qui sont à la surface de la terre.
Quand le Souffle a complu
de sa pluie la vaste terre,
alors les animaux se réjouissent :
«Il y aura abondance pour nous» pensent-ils.
Pénétrées de pluie, les plantes
échangent des paroles avec le Souffle :
«Tu as allongé, disent-elles, notre durée de vie,
tu nous a faites toutes parfumées.»
Hommage soit à toi quand tu viens,
hommage soit à toi quand tu t’en vas,
hommage à toi quand tu es debout,
hommage à toi enfin quand tu t’assieds!
Hommage à toi, Souffle, quand tu respires,
hommage soit à toi quand tu inspires,
hommage à toi quand tu t’éloignes,
hommage à toi quand tu t’approches!
Cet hommage est pour le tout de toi.
Le corps aimé qui est tien, ô Souffle,
le corps plus aimé qui est tien, ô Souffle,
et le remède qui est à toi,
assigne-les-nous pour que nous vivions!
Le Souffle revêt les êtres
comme le père revêt son fils aimé,
le Souffle est le maître de toutes choses,
de ce qui respire et ne respire pas. […]
L’homme inspire, l’homme expire,
étant encore dans la matrice.
Dès que tu l’animes, ô Souffle,
il reprend naissance. […]
Celui qui connaît ceci de toi, ô Souffle,
celui en qui tu as tes assises,
tous lui porteront leur tribut,
dans ce monde-là, le monde suprême.
S’il est vrai que tous ces êtres, ô Souffle,
sont pour toi des porteurs de tribut,
qu’ils portent donc leur tribut
à celui qui t’écoute, toi qu’on écoute avec fruit!