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Cinéma d'aujourd'hui,

Responsable de la chronique : Gilles Leblanc
Cinéma d'aujourd'hui

Enfin de la comédie française au grand écran : LE CRIME EST NOTRE AFFAIRE et PARLEZ-MOI DE LA PLUIE

Imprimer Par Gilles Leblanc

Avec l’avalanche de films américains qui envahissent presque tous les écrans, les films français se font de plus en plus rares au Québec. Voilà pourquoi, j’ai particulièrement apprécié LE CRIME EST NOTRE AFFAIRE de Pascal Thomas et PARLEZ-MOI DE LA PLUIE d’Agnès Jaoui : deux comédies dramatiques, remplies d’humour et de dialogues savoureux.

LE CRIME EST NOTRE AFFAIRE

Après MON PETIT DOIGT et L’HEURE ZÉRO, le réalisateur Pascal Thomas livre ici une nouvelle adaptation efficace, au charme suranné, d’un roman d’Agatha Christie. Les motifs du récit, hautement reconnaissables, sont traités par le cinéaste avec une rafraîchissante ironie. La décision de camper l’intrigue dans un contexte français (l’œuvre étant résolument anglaise) rend l’ensemble encore plus amusant et décalé.

Lorsque sa tante est témoin d’un meurtre commis dans un train roulant en sens inverse du sien, Prudence Beresford (Catherine Frot) saisit l’occasion de mettre un peu de piquant dans sa vie monotone de châtelaine retraitée. Son mari Bélisaire (André Dussollier), devant s’absenter quelques jours, elle ouvre sa propre enquête. Celle-ci la conduit à une résidence alpine mal entretenue par Roderick Charpentier (Claude Rich), un vieillard avaricieux, où sa fille et ses fils à couteaux tirés vont et viennent.

Convaincue que cette maison est liée au crime – auquel manque encore le cadavre prouvant qu’il ait eu lieu -, Prudence se fait embaucher comme cuisinière auprès de Charpentier. Lorsqu’elle découvre le corps d’une jeune femme assassinée, dans le musée du vieillard, la police est appelée et, à sa suite, un Bélisaire Beresford furieux. La véritable enquête ne fait que commencer.

Le jeu peut sembler un peu appuyé à quiconque n’est pas nostalgique des vieux policiers de boulevard. Catherine Frot fait pourtant ce qu’on lui demande : des tonnes, tout comme l’héroïne vaguement aristocrate, vaguement retraitée des services secrets, qu’elle incarne. Mais il y a de l’art et du talent comique dans cette interprétation, qui du reste ensoleille tout le film. S’il n’est pas révolutionnaire ou même très original, le travail de mise en scène de Pascal Thomas reste exemplaire d’un cinéma artisanal, fier et bien fait, délicieusement éclaboussé par quelques touches d’absurde et mis en valeur par des acteurs (dont André Dussollier) au jeu spontané.

PARLEZ-MOI DE LA PLUIE

Agnès Jaoui (LE GOÛT DES AUTRES, COMME UNE IMAGE) revient à la réalisation avec une réflexion généreuse mais un peu courte sur le féminisme, le racisme ordinaire et la famille. Celle-ci s’articule autour d’un trio de personnages mal assortis, aux motivations mystérieuses ou cachées. Trop peut-être pour que l’intrigue qui les assemble paraisse vraisemblable.

Agathe Villanueva (Agnès Jaoui), écrivaine féministe réputée, revient dans son patelin du Sud de la France afin d’y participer à une conférence qui va inaugurer sa carrière politique. Accompagnée de son petit ami Antoine, Agathe retrouve la maison familiale, et sa soeur cadette Florence, qui y vit avec ses enfants et un mari qu’elle trompe avec Michel (Jean-Pierre Bacri), un journaliste sans envergure.

Or, ce dernier a proposé à Agathe de tourner un documentaire sur elle, avec l’aide de Karim (Jamel Debbouze), un jeune concierge d’hôtel qui est également le fils de la bonne des Villenueva. Mais le manque d’organisation des deux documentaristes mal assortis, ainsi que le ressentiment muet que Karim éprouve envers Agathe, plombent le projet. Plaquée par Antoine, celle-ci se soumet avec de moins en moins de grâce à l’exercice.

On constate que les apparences sont souvent trompeuses et, lorsque les masques tombent, le fracas est parfois assourdissant. Une fois de plus, la musique des dialogues du tandem que forment Jaoui et Bacri s’avère raffinée, intelligente, gracieuse et accrocheuse. Enfin, le reste de la distribution, parfaitement dirigée, donne de la vigueur et de la couleur à l’ensemble. Dans le rôle du fils d’immigrant rêvant de s’émanciper de sa condition, Jamel Debbouze, tout en sobriété, est très convaincant.

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