C’était une réunion pour les familles et nous rencontrions Louise pour la première fois. Une joie profonde l’anime. Elle nous parle avec admiration de son mari qui ne viendra la rejoindre que le lendemain. Elle nous décrit le métier d’apiculteur qu’il exerce : « C’est un homme fascinant! dit-elle, un passionné des abeilles. Quand il commence à en parler, il captive son auditoire. Il croit tellement en son produit qu’il traîne partout avec lui un petit pot de miel au cas où il boirait du café. » Et elle ajoute : « Il est extraordinaire, j’ai hâte de vous le présenter! »
Elle a raison, Philippe est tout à fait passionnant. Il est habité par la même joie. Il nous explique la récolte des différents miels. Nous apprenons ainsi qu’il existe un miel de sapin, très parfumé. Philippe est presque septuagénaire, et Louise n’en est pas loin. Leur couple rayonne de jeunesse, comme de jeunes mariés. Cependant, leur mariage célèbre 45 ans de longévité! Philippe me dit : « Lorsque mon beau-père m’a accordé sa fille; il m’a dit d’en prendre grand soin car elle était la femme idéale! J’ai pris toute une vie pour m’en rendre compte. »
Leur joie émane sans doute d’une vie bénie, exempte de chagrin, pensons-nous. Pourtant, c’est ici que débute le plus fabuleux du récit! Leur vie a non seulement eu ses hauts et ses bas, mais les épreuves ont été douloureusement présentes: maladie grave d’un des enfants, toxicomanie d’une fille, chômage et dépression chez un autre, sans compter les années de galère économique pour le couple, car, la miellerie n’est pas une entreprise stable, elle diffère dans ses rendements d’une année sur l’autre.
Comment font-ils? D’où émane cette joie? Louise précise tout de suite que ce n’est pas une question de tempérament, ni de méthode “Coué”, où on s’autosuggestionne de pensées positives. Ils ont appris à louer Dieu en toutes circonstances. Seul, chacun de leur côté. Ensemble, main dans la main. “Tout est grâce Seigneur”, aux jours bénis comme aux jours de larmes. Ils prient Dieu, le louent jusqu’à ce que Dieu vienne prendre la place en eux. « A un moment, explique Louise, il y a un basculement de la douleur et le désespoir, en espérance. Dieu ne vient pas enlever l’épreuve, mais nous aider à la traverser. » À eux deux ils s’épaulent afin de garder leur regard sur Lui. Agissant ainsi depuis si longtemps, à coup de louanges, ils ont conservé leur jeunesse, et un regard amoureux que beaucoup leur envieraient! Normal, la joie de Dieu renouvelle les coeurs…