La semaine que nous venons de vivre a été marquée par un événement exceptionnel: l’investiture du nouveau président des États-Unis, Barak Obama. L’événement ne se limite pas aux états-uniens. Il s’inscrit dans l’histoire du monde entier, non seulement pour les noirs mais encore pour toute l’humanité. Le recours aux médias – radio, télévision, internet, journaux – fait en sorte que toute la terre a pu communier à l’événement et donner à celui-ci une ampleur que le président Lincoln n’aurait pu imaginer lors de sa propre investiture.
Le nouveau président des États-Unis suscite beaucoup d’espoirs. On parle d’une ère nouvelle dans la façon d’exercer le pouvoir, de faire de la politique. Le discours que Obama a prononcé après son assermentation laisse présager des temps où la liberté et les droits des personnes seront placés au sommet, bien au-dessus des intérêts matérialistes. Nous reconnaissons là un homme exceptionnel pour une situation sociale qui demande un homme de cette trempe.
La liturgie du dimanche 25 janvier fait mémoire d’un autre homme exceptionnel, né il y a exactement deux mille ans: Paul de Tarse. Loin de moi l’idée de faire un parallèle entre Barak Obama et saint Paul. Mais je nous invite à reconnaître l’influence qu’a exercée l’Apôtre au cours des vingt derniers siècles, une influence qui ne se limite pas aux chrétiens et qui a plus d’impact encore que l’arrivée de Barak Obama à la tête de la plus grande puissance mondiale. Paul, un érudit, a puisé sa science aux pieds des plus grands savants juifs de l’époque. Ce penseur a proposé une vision nouvelle de la personne humaine. Il a jeté les bases de la théologie chrétienne et il inspirera des grands noms comme saint Augustin, saint Thomas d’Aquin. Ce théologien a su reconnaître en l’événement pascal de Jésus Christ le sommet de l’histoire non seulement des juifs mais de l’humanité entière. Il a eu le génie de mettre en dialogue la foi et les diverses cultures de son temps. Plus que tous les autres apôtres, cet homme a donné au message du Christ l’élan qu’il lui fallait pour sortir des frontières étroites du judaïsme, traverser les siècles et nous rejoindre aujourd’hui. Plusieurs savants considèrent que Paul est le plus grand penseur que l’histoire ait connu jusqu’à nos jours.
Au-delà de toutes ces considérations et de toutes les compétences intellectuelles de saint Paul, admirons la profondeur de sa foi. « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ? la détresse? l’angoisse? la persécution? la faim? le dénuement? le danger? le supplice? […] Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude: ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur.» (Romains 8, 35-39)
Celui qui persécutait radicalement les disciples du Christ est devenu radicalement un disciple. Le fanatique est devenu l’ami. Une conversion fulgurante comme il nous la raconte lui-même dans les Actes des apôtres (22, 3-16). Le Christ qu’il rejetait s’est retrouvé au coeur même de sa vie, comme le sens de son existence et son unique raison de vivre.